Le Nanar de Février 2015 _ Snowboarder

  • Mis à jour : 12 juin 2019

SNOWBOARDER

Quand on vous disais que la « nanardise » ne connait pas de limites et touche tous les genres y compris le film « sportif ». En cette saison propice au ski, Cultures & Cinémas vous propose le film « Snowboarder » d’ Olias Barco. Ce réalisateur, producteur, scénariste n’ a fait que deux longs métrages : « Snowboarder » en 2003 et « Kill Me Please » en 2010. Si le premier rentre carrément dans la catégorie des nanars le second a quand même reçu les trois plus grandes distinctions du Festival international du film de Rome 2010 : Grand Prix (Marc Aurel d’oro), Prix de la Jeunesse (Farfalla d’oro) et Prix de la Critique (Mouse d’Oro).


Mais revenons à notre « Snowboarder » . Le nanar de glisse, sous-catégorie toute récente surfant sur l’opportunisme djeun’s comme on le ferait contre une porte en téflon, dessine déjà ses codes inébranlables. Une bande de jeunes fous qui adorent les sensations fortes, des scènes de glisse filmées de loin avec plein de ralentis ultra esthétiques (j’adore), une bande de jeunes tout aussi fous mais super méchants et/ou un gangster super dangereux (voire un criminel de guerre bosniaque, cf The eXtremists), et d’autres scènes de glisse mâtinées de drogue et de filles faciles. Voici donc, après un monopole exclusivement américain, le représentant français du genre...

L’histoire

Gaspard, séduisant et sémillant jeune snowboarder amateur, est saisonnier à l’Alpes d’Huez dans le commerce de Beshop, substitut paternel sympa qui tente de garder le gamin dans le droit chemin. Ce dernier fantasme grave sur une carrière professionnelle en regardant en boucle les vidéos de son idole glissante, Josh Hattersen, champion de snowboard impulsif en conditionnelle pour avoir frappé un sponsor qui lui avait filé une planche de fin de série lors de la finale du « Air & Style ». Lorsque Josh, de passage à l’Alpe, propose à Gaspard de le rejoindre en Suisse, à Gstaad pour faire partie de sa team, Gaspard accepte illico, va en Suisse en snowboard et pactise avec le diable. Josh compte en effet se servir de Gaspard pour braquer la recette du prochain « Air & Style », quitte à utiliser sa cop’s pour faire rester Gaspard.

La critique

Premier long-métrage d’un clippeur fou, on était au moins en droit d’attendre de Snowboarder qu’il contienne de bons morceaux musicaux, mais même pas, les scènes de glisse, pour le reste pas trop mal foutues (bien que n’excédant pas la minute ou répétant incessamment la même figure) sont illustrées par de la grosse house qui tâche.

Pour ce qui est du reste, allez c’est parti. Le jeune premier Nicolas Duvauchelle calque son jeu sur celui de Casper Van Dien dans « Starship Troopers », avec une pointe délicieuse d’accent caillera, tandis que Grégoire Colin fait plus peur de dos que de face (il a un tatouage). Le quota féminin du scénario se voit dévolu des répliques assez ingrates, dans le ton aseptisé du film visant à amoindrir l’ambiance interlope de Gstaad décrite au burin d’une caméra qui sait se faire vicieuse mais pas perverse.

Le « Snowboarder » aligne allègrement les clichés, tente de les contrebalancer par quelques images de teufs gentiment déviantes avec les sbires de Josh (dénommés X, Y et Z, en vrai d’authentiques snowboarders semblant cautionner le portnawak ambiant), où ces loubards de stations de ski fument des joints (Bouuuh !), les filles et les garçons s’embrassent (saaaale !) et Clara Morgane se strip-tease (tant qu’à faire)

. Une accumulation qui finit par conférer au film une singulière morale, stipulant en gros qu’il ne faut pas incorporer le milieu pro, nécessairement pourri, qu’il faut rester libre dans son corps et dans sa tête, quoi. A noter également, à l’issue d’une teuf apparemment dantesque, une réplique qui sous-entend que toutes les Grenobloises sont moches : lorsque la copine de Gaspard va en Suisse raisonner son boyfriend après l’avoir trouvé en plein lendemain de bacchanales, et qu’elle l’enjoint à repartir avec elle, l’intéressé de lui répondre : mais qu’est-ce tu veux que j’retourne à Grenoble, putain ?! Les meufs sont super bonnes ici, allez casse-toi boudin. Et comme beaucoup d’autres débuts d’intrigues secondaires, la copine disparaît tout bonnement de l’action... Reste à savoir ce que pense du film la communauté snowboardeuse, à part "ouah » trop cool y a Clara Morgane..." :