Nanar du mois de Juin 2015 _ Bionic Ninja

  • Mis à jour : 29 septembre 2018

BIONIC NINJA

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je trouve que les gens sont agressifs en ce moment. Est-ce dû à leur déclaration d’impôts qui il faut bien le dire « prend la tête » ? Est-ce dû aux changements horaires qui troublent l’horloge biologique ? Est-ce dû aux variations du climat qui fait alterner la chemisette et le pull ? Est-ce tout simplement l’impatience de voir arriver les vacances ? Toujours est-il qu’il faut faire face à cette situation et pour cela pourquoi ne pas prendre la Ninja Attitude ?

Pour vous aider à prendre conscience de ce qui vous attend je vous propose un vrai « Nanar » : « Bionic Ninja ».

Les films de Ninja issus de la production hongkongaise constituent un filon inépuisable. Il faut bien reconnaître que la frénésie provoquée par la découverte de tous ces bonshommes moustachus en pyjamas multicolores a atteint son acmé il y a maintenant un certain temps. Ce film réalisé par Tim Ashby en 1985 ne déroge pas à la règle. Créé à Hong Kong on y retrouve Kelly Steve, Alan Hemmings, Rick Wilson, Pauline Chao, et Alex Barer

Sans transition donc, un semblant de pitch : Gordon Man transporte pour le compte de son patron, Warren l’Elégant, un colis contenant des micro-films. Il se fait agresser par des inconnus qui lui volent le précieux colis. Tout le monde se lance alors à sa recherche. A priori tout semble clair. Oui mais voilà, dans les œuvres de Filmark il est habituel d’être confronté à un déroulement confus. Mais dans le cas présent, l’incompréhension scénaristique est d’une puissance peu commune. On ne capte strictement rien à rien, tant les factions sont multiples à se foutre dessus pour retrouver les micro-films dont le contenu demeure aussi flou que la mise au point de la caméra.


Parmi tout ce beau monde, on retrouve des sbires et autres loubards chinois, la CIA (pour changer d’Interpôle) et des Ninjas du KGB ! Au final, impossible de clairement savoir qui a volé le colis, vu que celui-ci semble changer de mains en cours de film. C’est là l’excuse idéale pour nous refiler plein de vieilles pellicules miteuses qui, il faut le reconnaître, finissent par entraîner un ennui poli, même si l’on demeure amusé par les doublages de nos bons vieux routards du nanar que l’on sait apprécier comme d’anciennes pantoufles vocales.

Morceaux choisis de dialogues insanes :
- Qui est dans la course ?
- Pas mal de vermine.
- Pourrais-je connaître la raison de ta venue ? Je savais que tu viendrais aujourd’hui pourtant.
- Maître Shindo, c’est époustouflant, ça parait magique, mais comment pouviez-vous savoir ?
- Oh, je possède un 6ème sens.
- Et bien j’apprécierais davantage si je pouvais savoir.
- Hahahahaha.
- Nos ennemis utilisent le Ninjitsu pour semer la discorde et troubler la paix mondiale. Ces terroristes utilisent le Ninjitsu pour rompre l’équilibre de la paix mondiale.
- C’est stupide, c’est une vue de l’esprit.
- Où sont passées les trois gonzesses ?
- Y’a pas plus de gonzesse que d’beurre en branche !

Les histoires d’amour de Gordon, persécuté par tous les pratiquants d’arts martiaux locaux, ne sont pas particulièrement emballantes, malgré la survenue inopinée et superfétatoire d’une scène de sexe, l’utilisation de l’éprouvée technique de la voix-off embrouillaminisante le temps d’une malheureuse scène, et la présence régulière de Ninjas observateurs cachés dans des fourrés ou derrière une voiture. Bien entendu, le gweilo de la CIA n’en fout pas une ramée afin d’économiser au maximum les 3 jours de tournage dans les jardins publics de Hong-Kong et ainsi de pouvoir fabriquer 8 autres nouveaux films. Les liens entre les parties occidentale et asiatique sont à peine esquissés, chacun restant dans son petit bout de métrage sans chercher à en déborder plus que de raison.

Heureusement, la patience du nanardeur tenace est tout de même récompensée par ces inserts qui, une fois encore, parviennent à redéfinir le sens du mot "ridicule". Tommy Foster, notre gus de la CIA, est un indéniable pro de l’inexpressivité traversée de rictus qu’on imagine encouragés par les consignes "Je ne te vois pas jouer ! Joue davantage !" (voir l’interview de Stuart Smith).

Ce brave homme fait tranquillement son jogging en tee-shirt jaune In Stage dans ce haut lieu touristique qu’est le parc de jeux pour enfants de Kwoloon quand soudain, il se retrouve nez à nez avec une dizaine de Ninjas hargneux dont il ne sait rien (par ailleurs il reconnaît lui-même ne rien savoir sur la mission qui lui a été confiée).

Obligé d’aller déranger un vieux maître en pleine méditation au bord d’un lac qui sent bon le déjà-vu, afin d’obtenir de lui le livre secret du Ninjutsu. Pas besoin de plus de justification pour transformer ce néophyte en véritable assassin de Ninjas qui s’entraîne à ramper sur le dos, à lancer quelques shurikens dans un arbre innocent et à manier avec saccade un katana, une routine qui ne perd pas sa capacité amusante. Et joie en vue lors du grand finish où surgit du néant une équipe de moustachus soviétiques aux poses de badass des sous-sols de la confrérie du pyjama pour mieux préparer le traditionnel duel de Ninjas, affrontement assez sage se déroulant cette fois-ci dans une zone de stockage de containers. Le tout est saupoudré des musiques habituelles, dont les consacrées atteintes au copyright artistique.

Ah oui, je n’ai évidement pas jugé utile de préciser que malgré son titre, aucun Ninja bionique n’est à comptabiliser dans ce film. Mais qui pouvait encore y croire ?