En ce mois de septembre, nous allons voir les candidats à la Présidence de la République pousser comme des champignons. Normal c’est l’automne. Pour poursuivre la métaphore, il est vrai que de nombreux couvaient déjà sous la mousse. Mais voulant sans doute se faire "mousser" au plus tôt (excusez cette astuce à deux balles.....) certains n’ont pas attendu cet automne (vous voyez de qui je veux parler ?)
Pour fêter cette éclosion, j’ai cherché un Nanar digne de cet événement. Mais à ma grande surprise Nanarland, ma référence en la matière n’a pas de chronique consacrée à ce domaine spécifique . Peut-être, parce que la politique actuelle est une « nanardise » permanente et que l’effet de surprise n’existe plus. Néanmoins j’ai quand même pu trouver quelque chose d’approchant : « SUPERSONIC MAN »
A première vue ce film n’a rien à voir avec la campagne qui débute. mais quand même le super -héros ..... ça fait penser à quelqu’un. Et puis parfois il faut voir au-delà du film.
Pour les cinéphiles avertis =
Ce film italo- espagnol a été réalisé par Juan Piquer Simón en 1979 - Acteurs principaux : Cameron Mitchell, Antonio Cantafora (alias Michael Coby), José Luis Ayestarán (alias Richard Yesteran), Diana Polakov, José María Caffarel, Frank Braña
Producteur : Dick Randall
Petit voyage dans le temps : nous sommes à la fin des années 1970, et le « Superman » de Richard Donner, avec Christopher Reeve, a bouleversé le monde ! Oui, je sais, ce film n’impressionne plus guère aujourd’hui, mais à l’époque, les effets spéciaux paraissaient révolutionnaires : « You will believe a man can fly ! » promettaient les affiches, et c’était bien le cas. Ni une ni deux, l’industrie encore vaillante du cinéma bis européen se jette sur le filon naissant… et va magistralement se casser les dents ! Notamment avec deux nanars d’un poids très appréciable : le légendaire « L’Homme Puma » et ce moins connu « Supersonic Man ».
Ayant déjà massacré Jules Verne avec un « Voyage au centre de la Terre » tout simplement innommable, notre bel hidalgo se penche à présent sur le mythe du super-héros : ravi de se trouver devant un si beau matériau de départ, l’ami Juan plonge ses mains dans la matière première, la pétrit, la malaxe, la mélange avec des morceaux de n’importe quoi, et obtient à l’arrivée un objet informe, ce « Supersonic Man » qui, s’il y a une justice, ravira encore pendant des décennies les amateurs de nanars !
Mais qui est donc cet homme supersonique, me demanderez-vous haletants ? Supersonic – il sera appelé de ce seul nom durant tout le film, et pas une seule fois « Supersonic Man » – est un extra-terrestre chargé par ses maîtres de débarquer sur Terre et de prendre forme humaine pour sauver notre Monde. Oui, car les humains jouent avec des forces plus puissantes qu’eux, qu’ils ne maîtrisent pas, et risquent de se détruire eux-mêmes (air connu). Supersonic, en slip bleu dans son vaisseau spatial, écoute sagement le message de ses maîtres, puis ne fait ni une ni deux, enfile sa tenue et s’envole à travers l’espace en direction de la Terre.
Traduction actuelle : Supersonic Man est venu d’une lointaine contrée de l’Est et est déjà venu sur la France pour sauver ce pays. Mais les hommes étant ce qu’ils sont n’ont pas reconnu les bienfaits de ce sauveur et ont fait appel à« Supermou Man ».
Ils auraient pu choisir SuperWoman mais au second tour des primaires, ils l’avaient déjà rejetée. Bref la France allant de mal en pis, Supersonixc revient pour faire "Tout pour la France".
Juan Piquer Simon l’exhibe dès le générique dans toute sa splendeur. Quelle vision ! Un collant rouge vif à faire pâlir les ninjas de Godfrey Ho, un masque et une cape bleus à paillettes ! Voir, dès les premières images, ce clown digne du Cirque Gruss fendre l’espace au son d’une effroyable chanson disco suffit déjà à faire péter le quotient de nanardise du film. Encore faut-il que la suite soit à la hauteur… et elle le sera ! On regrette simplement que la fabuleuse chanson du générique (« Supersonic Maaaaan… I wanna be… ») n’ait été l’apanage que de la version espagnole : la VF doit se contenter (pour des problèmes de droits ?) d’une sorte de simili-fanfare militaire.
Bon là pas la peine d’en rajouter ......
Contrairement à certains nanars qui nous font un peu languir avant de nous donner leurs moments les plus mémorables, « Supersonic Man » égrène ses perles à un rythme pétaradant, qui ne laisse littéralement pas le temps de souffler au spectateur ! Voir notre héros voler, horriblement mal incrusté sur des stock-shots de la ville de New York, est un spectacle tout bonnement inoubliable, qui fait encore délirer, vingt ans après, les vétérans du nanar l’ayant vu à sa sortie. Il convient tout de même de préciser que de telles images auraient pu encore passer…au début des années 1960 ! Mais le film date de la fin des années 1970, à une époque où les progrès de la technique ne permettaient tout simplement plus de telles naïvetés…
Le film tente de sauver la mise en jouant à fond la carte de la candeur délibérée. Car c’est vrai Supersonic est accusé dans plein d’affaires. Mais ce n’est quand même pas de sa faute si Mamie Zinzin a égaré une valise pleine d’Euros dans son bureau, c’est quand même pas de sa faute si des chefs d’état étrangers accusateurs meurent avant d’avoir parler.
L’histoire est à peu près du niveau de l’épisode de comic-book le plus routinier : un super-mégalomane, le Docteur Gulk (prononcer « Goulque »), fait enlever par ses hommes un éminent Professeur et voler du matériel radioactif, pour accomplir ses ténébreux projets. Delà a ce que un certain AlainJ. en fasse autant avec le matériel électoral.....Comme l’a dit Hitchcock, « meilleur est le méchant, meilleur est le film !
Mais aucun méchant ne saurait faire impression s’il n’est bien entouré : et là, cerise confite sur un gâteau des plus suaves, le Docteur Gulk utilise notamment pour ses opérations UN SUPER-ROBOT TUEUR ! Surnommé Macaron, ce robot tueur est d’une redoutable efficacité. Notre bonheur ne connaît alors plus aucune borne car le robot, censé être une arme invincible et terrifiante (lance-flammes et missiles incorporés au profit des réformes a répétition ) ressemble à une sorte de jouet pour enfant, constellé de gyrophares et de lumières clignotantes, élégant comme une brique de Lego, se dandinant avec la grâce d’une vedette Hollywoodienne . Tout du BCBG.
L’Arme absolue du Docteur Gulk.
Et Supersonic Man, me direz-vous ? Hé bien, notre héros, en civil, se montre un peu moins flambant. Supersonic, à la différence de Superman, ne dispose en effet de ses pouvoirs que quand il est en tenue. Il se transforme d’ailleurs en parlant dans sa montre-bracelet (Seiko bien sûr) , tout en s’écriant « Puisse la grande force de la galaxie m’accompagner ». Des effets lumineux ratés s’ensuivent, et notre héros apparaît dans toute sa gloire. Le reste du temps, Supersonic se fait appeler Nicolas et se présente sous la forme d’un personnage charismatique comme un Franco Nero sous tranxène.
Supersonic en costume apparaît beaucoup plus baraqué et semble être joué par un autre acteur, un certain Boutefeux (interprète jadis de Tarzaneries espagnoles).
Histoire de parfaire son plan drague, notre héros s’absente le temps d’aller chiper une bouteille de champagne au Fouquet’s : belle mentalité ! Puis c’est pas rien il a que des jolies femmes : Perla Roussi, .....
Quel tombeur, ce SUPERSONIC MAN !
Le fait que Supersonic n’ait ses super-pouvoirs qu’en costume m’amène d’ailleurs à me demander pourquoi, à un moment, il mène l’enquête sous sa forme humaine, au risque de prendre un mauvais coup (le loueur de costumes demandait-il un supplément ce jour-là ??). En effet, ça ne rate pas : il est capturé, attaché, et jeté dans la mer par les méchants juges . Menacé par des stock-shots de requins, notre héros parvient heureusement à se libérer et à se transformer (sans qu’on nous explique comment il fait pour prononcer sa formule de transformation sous l’eau…), jaillissant ensuite à la surface pour mettre la raclée aux méchants ! Il n’est d’ailleurs même pas mouillé : le séchage automatique doit faire partie de ses pouvoirs…
Le professeur, éberlué d’être kidnappé par une machine aussi grotesque.
Bref, inutile d’entrer plus avant dans les péripéties, d’autant que les scénaristes n’ont fait aucun effort particulier. Signalons uniquement que Gulk projette de détruire Supersonic Man, mais que notre héros va lui mettre la grosse pâtée (Ah, je suis méchant, hein, je révèle la fin ! Enfin c’est Supersonic Man ). Au cours de son enquête, Supersonic se permettra en outre le luxe d’emballer la fille du Professeur Bruni (le savant enlevé par Gulk, qui devient le Professeur Gordon suivant les versions du film), ce qui l’amènera au final à jeter sa super-montre, renonçant à ses pouvoirs et à son rôle de héros spatial pour demeurer avec elle sur Terre. C’est beau ! C’est finalement un clochard qui ramassera la montre et se fera donc enlever par le vaisseau spatial venu rechercher Supersonic à la fin de sa mission. Bravo, Supersonic Man ! Non seulement tu sauves le Monde, mais en plus tu nettoies nos rues des racailles et des ladres !
Le combat final : Supersonic Man contre le vaisseau spatial du Docteur Gulk (AlainJ).
Dans une version récente et remasterisé. Le docteur Gulk n’est pas le seul adversaire de Supersonic Man. Il y a des tas de créatures qui veulent ausssi sauver la France et dégommer ce fantôche de Supersonic Man . On ne peux pas les nommer tous et on ne les voit pas dans le film car le propre des créatures de l’ombre c’est de rester dans l’ombre. Mais comme C&C vous aiment bien on va vous en dévoiler certain. Il y a Mélentou qui sait ce qu’il faut faire car on ne la lui fait pas. De l’autre bord, la fameuse madame PIM au Pen qui elle sait ce qu’il faut faire : la même chose que Supersonic Man, mais en pire. Puis des tas de gars du milieu comme François Mignon, Dupont Saignant (rien à voir avec la St Bartélémy), pour les plus connus.
Pour conclure, je vous mettrai l’eau à la bouche en vous citant trois grands moments dans ce nanar de pointe : Supersonic soulève un bulldozer en contre-plaqué ! Supersonic transforme le pistolet du méchant en banane ! Et enfin, ce dialogue au sommet :
Professeur Morgan, révolté par les plans de conquête du perfide Gulk : « Vous ne vous rendez pas compte que des forces morales plus grandes que la vôtre feront que ce suprême pouvoir soit voué à l’échec ! »
Docteur Gulk, sarcastique : « Votre imagination procède des mauvais films ! »
Tout est dit, merci Cameron Mitchell ! Les acteurs et les dialoguistes ont parfois des éclairs de lucidité… Bien entendu, si vous en avez l’occasion, ruez-vous sans attendre sur ce nanar sympathique et de très bonne cuvée. C’est frais, c’est bon, c’est SUPERSONIQUE !
Le film complet
Supersonic Man Movie from Maurice Dixon Jr. on Vimeo.