Madeleine Robinson à Ferney Voltaite

  • Mis à jour : 26 septembre 2016

Après “l’affaire Virginia Woolf”, Madeleine Robinson quitta définitivement la capitale pour Ferney-Voltaire. Elle y séjourna dix années puis, épuisée par les tracasseries administratives ou législatives françaises, elle se décida à franchir la frontière pour emménager au bord des eaux davantage tranquilles du lac Léman. Durant quatre ans, elle donnera des cours à l’école romande d’art dramatique tantôt à Genève tantôt à Lausanne.


Sur la photo du Progrès : Madeleine Robinson photographiant Voltaire ; De gauche à droite, Alex Décotte, Fernand Thouvenel, Maurice Décotte.

L’affaire « Qui a peur de Virginia Woolf ? » éclata en 1964. cette pièce difficile, incisive et violente d’Edward Albee fut créée au Théâtre de la Renaissance. A son grand regret, Claude Dauphin, pourtant à l’origine du projet, est écarté par Franco Zefirelli, le metteur en scène. Michel Vitold obtient le rôle, mais déclare rapidement forfait en cours de répétitions et le cède à Raymond Gérôme. Si la pièce connaît un très grand succès, largement mérité, elle est toutefois douloureusement conçue dans un climat conflictuel permanent ponctué de monstrueuses joutes verbales. Un profond désaccord sur l’éthique du comédien surgit entre Madeleine et Gérôme. Les journaux de l’époque s’en font les gorges chaudes, mais le "scandale" permettra à la pièce de tenir l’affiche de nombreux mois. Si Véra Korène, la directrice, peut se féliciter du succès financier, Madeleine en sort moralement et physiquement exténuée et meurtrie. Près d’un an s’écoule lorsque Gérôme l’attaque en justice, lui reprochant d’avoir tout fait pour ruiner la carrière de la pièce. Démarche particulièrement inutile puisque le plaignant fut débouté et que Madeleine reçu le Prix du Syndicat de la critique de la meilleure comédienne !
En 2001, un Molière d’Honneur, couronnant sa carrière sur les planches, lui est remis par Nathalie Baye.