Lino Ventura est né le 14 juillet 1919 à Parme (Italie) et est décédé le 22 octobre 1987 à Saint-Cloud (France).
BIOGRAPHIE
JEUNESSE
Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura est le fils de Giovanni Ventura et Luisa Borrini.
En 1927, il est âgé de huit ans lorsqu’il quitte l’Italie avec sa mère pour rejoindre son père parti travailler comme représentant de commerce à Paris quelques années auparavant. Mais arrivés à Montreuil le 7 juin 1927, la mère et le fils ne trouveront pas Giovanni. Le père a disparu. Il évoquera rarement ce père absent. Lino et sa mère s’installent chez des amis au 57 rue de Romainville à Montreuil, au cœur de la communauté italienne dont l’intégration ne s’effectue pas sans problèmes. Puis ils s’installent rue Papillon dans le 9e arrondissement de Paris où Luisa a décroché un emploi de femme de chambre à l’hôtel Baudin.
Pour aider sa mère à les faire vivre, il quitte l’école et commence à travailler dès l’âge de huit ans. Il exerce successivement différents métiers : portier, livreur mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau.
LUTTEUR ET CATCHEUR
Ses copains du square Montholon lui font découvrir le sport. À l’âge de 16 ans, Fred Oberlander (en), un champion autrichien de lutte gréco-romaine résidant dans l’hôtel Baudin, le convainc de venir s’entraîner régulièrement à la lutte dans la salle des Gobelins puis dans celle de la porte d’Italie. Apprenant l’humilité et la fraternité, il se forge selon ses termes « une mentalité de gagnant ». C’est à cette époque, alors qu’il est coursier à la CIT (Compagnie italienne de tourisme), qu’il rencontre Odette Lecomte dans cette agence de voyages italienne.
Il est enrôlé dans l’armée italienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours d’une permission en juillet 1943, il déserte pour rejoindre à Paris sa femme Odette qu’il a épousée le 8 janvier 19424, puis, menacé de délation, il se réfugie dans une maison servant de grange à Baracé (il y reviendra après la guerre et achètera cette maison).
Après la guerre, il entame une carrière de catcheur, plus rémunératrice que la lutte, et participe à des combats à la salle Wagram et au Cirque d’Hiver où il lutte sous le nom de Lino10 Borrini, alias « la fusée italienne ». Sa carrière de catcheur atteint son apogée en février 1950 lorsqu’il devient champion d’Europe des poids moyens pour l’Italie. Elle prend fin le 31 mars 1950 après qu’Henri Cogan le blesse en le projetant dans des chaises métalliques, lui occasionnant une double fracture ouverte à la jambe droite. Lino Ventura retrouvera ce catcheur dans « Les tontons flingeurs » dont le combat final a plus le parfum de la revanche que celui du jeu voulu par Lautner. Il devient alors organisateur de combats pour une vingtaine de catcheurs de son écurie.
CARRIERE CINEMATOGRAPHIQUE
En 1953, tout à fait par hasard, un de ses amis parle de lui au réalisateur Jacques Becker qui cherchait une force de la nature, de type italien, pour jouer face à Jean Gabin dans son film « Touchez pas au grisbi ». La rencontre se fait et Jacques Becker lui propose aussitôt le rôle d’Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary, Lino refuse le rôle dans un premier temps.
Alors qu’il ne joue qu’un second rôle, il demande par pure provocation un cachet d’un million d’anciens francs (cachet presque équivalent à celui de la vedette du film Jean Gabin), proposition qui est acceptée à sa grande surprise. À la sortie de « Touchez pas au grisbi », sa présence à l’écran est telle que toute la profession le remarque.
Le film est un tel succès que l’ex-lutteur va suivre Jean Gabin, son complice d’alors, sur plusieurs long-métrages. On les voit ainsi ensemble dans « Razzia sur la chnouf » (1954),
« Crime et Chatiment » (1955), « Le Rouge est mis » et « Maigret tend un piège » (1957). Lino Ventura est alors abonné aux rôles de truands ou de policiers. Incertain, les cinq premières années, de sa carrière de comédien, Ventura conserve jusqu’en 1958 ses "vrais" métiers (organisateur de combats de catch et gérant d’une entreprise de layettes).
Sans avoir pris de cours de comédie, il passe rapidement du statut d’acteur de second rôle à celui de tête d’affiche, son jeu d’acteur s’affinant. C’est le rôle du Gorille (dans « Le Gorille vous salue bien » de Bernard Borderie) en 1958 qui le lance comme vedette à part entière.
Ce film est suivi de « Classe tous risques » avec Claude Sautet, en 1960, qui lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo, film qui marque sa rencontre avec un auteur de la Série noire, José Giovanni.
Linio Ventura obtient un triomphe ultime dans « Un Taxi pour Tobrouk » (1960).Le film a été vu par 4 946 000 spectateurs7, et a reçu le Grand prix du cinéma français 1961.
Il devient l’un des poids lourds du cinéma hexagonal et restera à tout jamais reconnu comme l’un des meilleurs acteurs du cinéma français. Il excelle dans les rôles traditionnels de truand ou de policier vieilli, fatigué, ou de l’homme d’expérience sensible à l’amitié virile. Son jeu d’acteur, d’ailleurs assez proche de sa propre nature, s’exprime pleinement sous la direction de Jacques Deray, de Jean-Pierre Melville ou de Robert Enrico où Lino joue dans« Les Grandes Gueules »
et « Les Aventuriers. »
Acteur fétiche de Georges Lautner, il est l’inoubliable Fernand Naudin des « Tontons Flingueurs » (1963) et Francis Lagneau des « Barbouzes » (1964), deux classiques du cinéma français.
En 1972, son rôle du mafieux (Vito Genovese) dans « Cosa Nostra » de Terence Young, avec Charles Bronson dans le rôle du repenti Joe Valachi, lui vaut une reconnaissance internationale.
À partir des années 1980, Lino Ventura tourne moins, comme si son personnage du film de Jacques Deray,« Un papillon sur l’épaule », tourné en 1978, où il joue Roland Fériaud, cet homme de tous les jours manipulé par des forces obscures jusqu’à sa mort brutale sur un trottoir étranger, au milieu d’une foule indifférente, avait changé sa carrière.
Il a évoqué ce type de personnage, une victime manipulée, lors d’un entretien, pour décrire son rôle d’espion à la retraite dans « Espion, lève-toi », tourné en 1981 : « C’est un type qui, à un moment donné, se retrouve seul, abandonné par ses amis, et par ses ennemis si je puis dire, parce que dans un sens, tout le monde s’arrange sur son dos (...), ce sont des situations que j’affectionne particulièrement ».
Comme aussi le personnage du général dalla Chiesa dans« Cent jours à Palerme » qui tombe sous les balles de la mafia à laquelle il avait osé s’attaquer.
Sur la fin de sa carrière, Lino ne choisit ses rôles qu’en fonction du critère : « J’aime ou j’aime pas ! ». Ses derniers beaux rôles, seront pour« Garde à vue » de Claude Miller en 1981, où il interprète l’inspecteur Gallien qui interroge un notable (Michel Serrault) présumé coupable d’assassinat,
et pourr « Les Misérables » de Robert Hossein, sorti en 1982, où il incarne un Jean Valjean à la hauteur de ses prédécesseurs, Harry Baur et Jean Gabin.
RÔLES REFUSES
Au sujet du choix de ses rôles, il déclare : « Quand on me parle d’un personnage à interpréter, je sais d’une façon immédiate si je peux le faire, si ça me convient ou si ça ne va pas ». Ainsi il refuse un rôle dans :
« Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola : Hubert de Marais ;
« Rencontres du troisième type » de Steven Spielberg : Pr. Claude Lacombe (rôle tenu par François Truffaut) ;
« Le Convoi de la peur » (Sorcerer) de William Friedkin : Victor Manzon ;
« La Chèvre de Francis Veber » : Campana (rôle tenu par Gérard Depardieu). Lino Ventura décline ce rôle, arguant de la « lenteur » de Jacques Villeret prévu pour jouer François Perrin (rôle finalement tenu par Pierre Richard) ;
« Le Vieux Fusil » de Robert Enrico : Julien Dandieu (rôle tenu par Philippe Noiret). Lino Ventura juge le personnage trop violent pour lui.
DECES
Il meurt le 22 octobre 1987 à son domicile de Saint-Cloud, d’une crise cardiaque à l’âge de 68 ans, après trente-quatre ans de carrière cinématographique et soixante-quinze films. Il repose au cimetière du Val-Saint-Germain dans l’Essonne.
VIE PRIVEE
Alors que tout le monde pense que Ventura est un dur à la ville comme à l’écran, Lino se défend de cette image, et se montre très pudique. Du reste, il fuit les interviews et les questions sur sa vie privée.
Le 8 janvier 1942, il épouse Odette Lecomte (morte le 15 mai 2013 à Baracé), son amour de jeunesse, rencontrée en 1935 dans l’agence de voyages où il travaillait alors. Ils auront quatre enfants : Mylène (1946-1998, morte dans un accident d’avion), épouse de Claude Lasserre, fils de René Lasserre (1912-2006) ; Laurent en 1950 ; Linda en 1958 ; et Clelia en 1961 (auteur et scénariste).
Linda, victime d’un accident vasculaire grave à sa naissance, est restée handicapée. Découvrant le manque de structures d’aide et d’accueil pour les enfants handicapés, Lino et Odette créent en 1966, à la suite de l’appel du 6 décembre 196516, l’association humanitaire Perce-Neige, devenue une fondation en mai 2016 à Saint-Cloud, où ils vivaient, dédiée à « l’aide à l’enfance inadaptée » en apportant son soutien aux associations existantes travaillant dans le domaine du handicap, et en sensibilisant les pouvoirs publics aux besoins des enfants handicapés et de leurs familles.
En 1976, l’association Perce-Neige est reconnue d’utilité publique, et six ans plus tard, la première Maison Perce-Neige ouvre ses portes à Sèvres (Hauts-de-Seine). Malgré la disparition de Lino Ventura, Perce-Neige poursuit sa mission et a participé à la création de près de 40 établissements en France.
LES FILMS LES PLUS MARQUANTS
Cinéma
Outre les films vus plus haut, il faut retenir :
1959 : « Marie-Octobre » de Julien Duvivier : Carlo Bernardi - Synopsis =Un groupe d’ex-résistants, dont certains s’étaient perdus de vue depuis la fin de la guerre, se retrouvent quinze années plus tard. Ils dînent ensemble dans la demeure de leur ancien chef, Castille, qui a été arrêté et tué dans ce lieu même, événement qui a précipité la chute du réseau.
Cette soirée est organisée par Marie-Octobre (Danielle Darrieux) , nom de code de l’ancienne estafette du réseau, et par le propriétaire actuel des lieux, François Renaud-Picart (Paul Meurisse) . En réalité, ils ont organisé la réunion pour percer le mystère de la mort de Castille : un ancien membre des services de renseignements allemands leur a avoué que c’était grâce à un traître que la Gestapo avait réussi à les découvrir ce soir-là.
Petit à petit, les anciens membres découvrent ou supposent de bonnes raisons à chacun d’avoir pu trahir : l’amour, l’appât du gain, la lâcheté, la méprise, la politique, la collaboration... Malgré l’opposition d’un prêtre, ils votent la mort du traître - qui devra se suicider après avoir signé des aveux. Une fois découvert, celui-ci tente de s’échapper, puis fait appel à leur pitié. Le prêtre arrive un temps à empêcher ses amis de mettre leur décision à exécution. Mais le traitre est finalement tué par Marie-Octobre, qui appelle ensuite la gendarmerie, après avoir déchiré la confession que le traître a été forcé d’écrire
1963 : « Cent mille dollars au soleil » d’Henri Verneuil : Hervé Marec, dit « Plouc » - Synopsis = Dans un endroit du sud marocain et du Sahara espagnol à l’approche des années 1960, Castagliano (Gert Fröbe ), patron aux méthodes douteuses et surnommé « la Betterave » à cause de son diabète, dirige d’une main de fer une entreprise de transport routier dont les employés sont exploités. Il engage John Steiner (Reginald Kernan) , un routier « mexicain », soi-disant né à Saltillo, pour conduire sur 2 000 km vers le sud un véhicule articulé Berliet rouge flambant neuf, affrété d’un mystérieux chargement d’une valeur déclarée de 100 000 dollars, direction Moussorah. Pendant une conversation téléphonique entre Castagliano et son client, on apprend qu’il a engagé Steiner la veille pour qu’il en sache le moins possible sur ce camion.
Le camion suscite la jalousie de tous les chauffeurs expérimentés, mais le chargement lui attire en revanche la convoitise de Rocco, excellent camionneur. Lors d’une soirée arrosée entre chauffeurs, ce dernier réussit à duper Steiner et à partir à sa place à l’aube au volant du Berliet ; il récupère en sortant de la ville une jeune femme, Pepa (Andréa Parisy) . Sorti de ses gonds, Castagliano renvoie violemment Steiner et Ali, le mécanicien complice de la duperie, puis lance Hervé Marec (Lino Ventura) , dit « le Plouc », à la poursuite de Rocco (Jean Paul Belmondo) , en échange d’une prime substantielle. Il refuse d’appeler la police pour cette affaire par principe ; Marec quant à lui comprend qu’il s’agit plutôt du contenu du camion et non des « principes » de Castagliano.
Peu après avoir quitté l’entreprise de transport, Steiner parvient à se faire prendre à bord par Marec, en lui proposant de se relayer mutuellement pour la conduite de « son » camion. Marec accepte et renvoie Ali qui l’accompagnait. Même si Rocco essaie de les retarder en montant contre eux les habitués du relais routier tenu par un certain Halibi, le camion de Marec est moins chargé que le sien, et se rapproche petit à petit de sa cible. Pourtant, divers aléas de la route les retardent et envoient régulièrement le camion de Marec dans le décor : les mauvais coups de Rocco, le fech-fech… Mitch-Mitch (Bernard Blier) , un autre camionneur, toujours plus goguenard, croise à chaque fois opportunément leur chemin au volant de son camion et les tire d’affaire.
Au cours de la poursuite, on découvre que c’est Pepa qui a donné l’idée à Rocco de détourner le chargement. Après le franchissement de la frontière de la république du Hijjar, à Cherfa, pour gagner une centaine de kilomètres, une patrouille de police vient contrôler l’identité des chauffeurs. Marec reste intrigué par l’hésitation du policier lorsqu’il a affaire à Steiner, et par le fait qu’ils cherchent un certain Peter Frocht, qui s’occupait du maintien de l’ordre dans l’ancien gouvernement. À partir de là, Marec comprend que Steiner, en plus d’être un chauffeur débutant et peu fiable, est aussi un mercenaire, ancien haut responsable de la dictature récemment renversée, et qui lui a enlevé tout ce qu’il avait alors.
Steiner quant à lui comprend que Marec, s’il met la main sur le chargement de Rocco, n’a absolument pas l’intention de retourner chez Castigliano, et compte bien reprendre à son compte l’idée de Rocco.
À proximité du but, le camion de Rocco, endommagé par les accidents de terrain et de poursuite, finit par tomber en panne. Il détourne alors le camion de Marec, et blesse Steiner qui voulait s’y opposer. Marec propose à Rocco de faire la part à deux en souvenir du bon vieux temps, mais ce dernier refuse, arguant que personne ne partage le pognon. Puis, Rocco et Pepa repartent. Marec et Steiner regagnent la ville d’arrivée à pied, Marec ayant exprimé à la fois son mépris pour la conduite de Steiner et son doute quant à son avenir en tant que mercenaire.
Steiner, désormais seul et entendant dans un bar que des mouvements révolutionnaires reprennent dans le sud, tente de trouver un moyen de s’y rendre afin de reprendre son travail exclusif de mercenaire. Marec, quant à lui, tombe par hasard sur Rocco, qui fait le joli cœur dans une maison close. Après un échange assez vif de coups entre eux, Rocco éclate de rire, et propose la part à deux précédemment refusée : sous les yeux de Marec, il déchire la carte grise du Berliet en deux, en déclarant que Pepa s’est envolée avec le camion et la cargaison. Rocco et Marec finissent par se réconcilier et fêtent ça entre les bras des dames de l’endroit.
Le film fit partie de la sélection officielle au Festival de Cannes 1964 pour la Palme d’Or, ce qui provoqua un tollé général.
1968 : « Le Rapace » de José Giovanni : le Rital -
1969 : « Le Clan des Siciliens » d’Henri Verneuil : inspecteur Le Goff
Roger Sartet (Alain Delon), un dangereux truand, s’évade avec la complicité de sa sœur Monique (Danielle Volle) et d’une famille mafieuse, les Manalese, dirigée par le patriarche Vittorio (Jean Gabin). Malgré une traque menée par le commissaire Le Goff (Lino Ventura), Sartet reste insaisissable. Le truand propose à ses complices siciliens un projet démentiel : voler une collection de bijoux exposée à la Galerie Borghèse et qui doit être transférée de Rome vers New York par avion. Vittorio fait appel à son vieil ami italien installé aux États-Unis, Tony Nicosia (Amedeo Nazzari), pour l’aider dans le coup.
1969 : « L’Armée des ombres » de Jean-Pierre Melville : Philippe Gerbier
Sur le tournage, les échanges entre Melville et Ventura sont réduits au minimum et les consignes du réalisateur envers son acteur principal conduites par l’intermédiaire d’un assistant. Tous deux sont en froid depuis un malentendu survenu sur le tournage du Deuxième Souffle, mais un contrat oblige l’acteur à tourner une seconde fois sous la caméra de Melville.
1970 : « Dernier domicile connu » de José Giovanni : inspecteur Marceau Léonetti
Marceau Léonetti, policier compétent et énergique, décoré de la Légion d’honneur pour acte de bravoure, arrête par hasard le fils d’un avocat influent qui conduit en état d’ivresse, mais ce dernier promet de se venger. Quelques mois plus tard, l’avocat retourne complètement les faits en décrivant Léonetti comme violent et incompétent. Afin d’étouffer l’affaire, celui-ci est muté dans un petit commissariat de quartier. Il y rencontre Jeanne, nouvelle auxiliaire de police, avec qui il fait équipe pour enquêter sur des petits délits de moeurs dans les cinémas X.
Entre-temps, la hiérarchie de la police a un problème difficile : retrouver, pour un procès d’un gros bonnet de la pègre qui doit commencer dix jours plus tard, Roger Martin, un transfuge du milieu et témoin à charge important disparu depuis plusieurs années avec sa fille. En désespoir de cause, ils soumettent le travail à Léonetti en lui faisant croire qu’il s’agit d’un travail de routine peu important. Ce dernier commence alors avec Jeanne une enquête pratiquement désespérée. La seule piste : le dernier domicile connu de Martin pour partir à la recherche de témoins qui permettraient de remonter à un homme seul vivant discrètement avec une petite fille dont on apprend qu’elle était malade. Mais les hommes de main du caïd veillent. Marceau et Jeanne après avoir risqué perdre leur vie vont retrouver Martin et le convaincre de témoigner, le caïd est condamné. A l’issue du procès, Martin est simplement remercié par les autorités policières, mais laissé sans protection. Il est peu après poignardé par un comparse du parrain sous les yeux de sa petite fille. Jeanne démissionne de la police, rendant Léonetti responsable de ce qui s’est passé. Sur la musique de François de Roubaix, la dernière image du film montre le visage impassible et lugubre de Léonetti dans le métro, retourné seul à sa vie vidée de toute espérance.
1972 : « L’aventure c’est l’aventure » de Claude Lelouch : Lino Massaro
Après 1968, devant un monde en apparente effervescence, trois truands (Lino, Jacques, et Simon) et leurs deux sous-fifres (Aldo et Charlot) recyclent leurs méthodes traditionnelles de gangsters et décident de jouer la politique pour leurs méfaits : enlèvement de Johnny Hallyday (avec sa complicité, pour une campagne promotionnelle), mercenaires pour une armée révolutionnaire d’Amérique Centrale (sans le sou mais qui en trouvera...), détournement d’avion non-violent, et bien d’autres surprises entre la France et l’Afrique.
1973 : « La Bonne Année » de Claude Lelouch : Simon
Le gangster Simon (Lino Ventura) prépare, avec son complice Charlot (Charles Gérard), ce qu’il qualifie de « premier hold-up psychologique de l’histoire du banditisme ». Juste à côté de la bijouterie Van Cleef & Arpels, sur la Croisette, à Cannes, se trouve la boutique d’une belle antiquaire, Françoise (Françoise Fabian), qui attire le regard du malfrat.
Le cambrioleur et l’antiquaire s’éprennent l’un de l’autre. Il est sympathique mais sans raffinement, elle est cultivée et indépendante mais découvre au contact de Simon que la vanité de son milieu lui pèse, et qu’elle désire une histoire d’amour simple et franche. Le plan du braquage que prépare longuement le cambrioleur est beaucoup plus sophistiqué que ses manœuvres de séduction. Mais réussira moins bien....
1973 : « L’Emmerdeur » d’Édouard Molinaro : Monsieur Milan
M. Milan (Lino Ventura) est un tueur à gages qui doit exécuter son « contrat » depuis sa chambre d’hôtel donnant sur le palais de justice de Montpellier. Son voisin, François Pignon (Jacques Brel), représentant en chemises, délaissé par son épouse qui l’a quitté pour le docteur Fuchs (Jean-Pierre Darras), un psychiatre réputé, tente de se suicider en se pendant à la tuyauterie de la salle de bains et provoque une inondation. Milan persuade le garçon d’étage de ne pas appeler la police, promettant de veiller lui-même sur le dépressif pour éviter une récidive. Il se trouve alors englué irrémédiablement dans les problèmes de Pignon au détriment de sa mission.
Au début du film, Lino Ventura est rudoyé verbalement par un routier (Jean Franval) dans un bar dont le barman (Edouard Molinaro, le réalisateur du film) est en train de ranger un disque 33 tours dans sa pochette : il s’agit d’un disque de... Jacques Brel.
1974 : « La Gifle » de Claude Pinoteau : Jean
Jean Douélan, séparé de son épouse sans être divorcé, élève seul sa fille Isabelle, étudiante en première année de médecine. Celle-ci veut prendre son indépendance et s’installer avec Marc, son ami. Alors qu’elle a échoué dès la première épreuve du concours de fin d’année, une violente dispute éclate entre le père et la fille, dispute qui se termine par une gifle. Isabelle fugue et part rejoindre sa mère Hélène au Royaume Uni avec Rémy, un ami.
1975 : « Adieu poulet » de Pierre Granier-Deferre : commissaire Verjeat Synopsis =
Alors que la campagne électorale bat son plein à Rouen, le commissaire Verjeat (Lino Ventura) et les inspecteurs Lefèvre (Patrick Dewaere) et Moitrier Gérard Hérold) enquêtent dans une maison close : l’un des clients est mort en pleine extase. Avant que Verjeat ne décide quel tour faire prendre à son enquête, la tenancière de la maison le prévient qu’elle connait nombre de personnalités importantes. Le commissaire comprend que cette enquête n’ira jamais très loin.
Après avoir déposé Verjeat à son domicile et Lefèvre sur la route, Moitrier s’apprête à rentrer chez lui, quand un message du central le prévient d’un délit en cours : des colleurs d’affiche sont en train de se faire agresser, et l’un d’eux est battu à mort par un voyou. Lorsque Moitrier arrive, il tente de les arrêter, mais le voyou lui tire une balle à bout portant. Arrivé à l’hôpital, Moitrier confie à Lefèvre qu’il a reconnu dans son agresseur Antoine Portor (Michel Peyrelon) , l’un des hommes de Pierre Lardatte (Victor Lanoux ), candidat à l’élection. Peu après, Moitrier meurt. Verjeat se rend accompagné à l’une des permanences de Lardatte, où il trouve Roger Portor, le frère d’Antoine : il le prévient que son frère a intérêt à se rendre rapidement. Puis il se rend à un meeting de Lardatte : celui-ci dit être attristé par la nouvelle, mais ne pas connaitre personnellement les membres de son service de sécurité.
De retour au central, le contrôleur général Ledoux, supérieur de Verjeat, lui conseille « amicalement » de se concentrer sur Portor, lui s’occupant de Lardatte. Quelques jours après, Mercier (Jacques Rispal) , le père du colleur d’affiches, fait irruption dans le bureau de Lardatte, à la mairie, et prend en otage avec deux autres hommes les employés qui s’y trouvent. Verjeat, sous la surveillance de Ledoux et de Lardatte, est chargé de le ramener à la raison de façon pacifique : pour ce faire, il lui propose par téléphone de profiter du haut-parleur de la police pour faire passer son message. Mercier s’adresse alors violemment à Lardatte, le traitant d’assassin ; la foule alentour ne perd pas une miette du discours. Puis Vergeat se rend dans la mairie et convainc de manière un peu brusque Mercier et ses complices de se rendre. Mais Lardatte est bien décidé à faire payer cette humiliation au commissaire : grâce à ses relations, il parvient à le faire nommer contrôleur général à Montpellier. Il doit partir la semaine suivante, en laissant l’affaire en cours à son successeur, le commissaire Pignol ( Pierre Tornade) , plus adepte des méthodes de cow-boy que de celles réclamant de la subtilité. Après son pot de départ, Verjeat explique à Lefèvre qu’il ne peut refuser une telle promotion mais qu’il a bien l’intention de s’amuser un peu avant de s’en aller.
Pendant ce temps, les bureaux de Lardatte sont cambriolés par des complices d’Antoine Portor, aidés de sa femme. Mais à un barrage de gendarmerie, leur voiture part en tonneau : les deux hommes sont tués, la femme grièvement blessée. Verjeat apprend de la bouche de Roger Portor que le cambriolage était destiné à mettre la main sur la comptabilité de Lardatte, pour qu’il aide son frère à quitter la France. La comptabilité a brûlé dans l’accident mais le commissaire cache la vérité aux journalistes. Puis Verjeat met en place à l’hôpital une surveillance de la blessée, dans l’espoir de coincer son mari : en fait, c’est l’un de ses inspecteurs qui est dans le lit, Marie Portor étant décédée. Ledoux et Pignol sont laissés dans l’ignorance de la supercherie.
Alors qu’il doit être de surveillance à l’hôpital, Lefèvre passe à la maison close pour informer la patronne de la teneur de son rapport. Il lui explique que Verjeat, frustré d’être obligé de partir de Rouen, lui a demandé de la charger au maximum : ses protections ne pourront rien contre un fonctionnaire sur le point d’être muté. Après avoir refusé de coucher avec lui, la tenancière de l’établissement lui propose de l’argent. Le soir même, trois complices de Portor tentent d’enlever sa femme à l’hôpital : l’un d’eux est blessé, les deux autres tués par les inspecteurs en embuscade. Le lendemain, Lefèvre est sommé par Verjeat de s’expliquer sur son absence de la nuit. Il lui répond qu’il s’était endormi puis lui remet le rapport sur le décès à la maison close. Verjeat est furieux, et lui demande de revoir le rapport ; Lefèvre appelle la patronne pour lui avouer son échec. Celle-ci se rue au tribunal, où elle est reçue par le juge Delmesse pour répondre d’une accusation de proxénétisme. Très calme, elle lui répond qu’il faut ajouter la corruption de fonctionnaire à cet acte d’accusation puisqu’elle a donné de l’argent à Lefèvre. Celui-ci se défend mal devant le juge, qui apprécie fortement les affaires de corruption ; l’inspecteur poussé à bout finit par dire qu’il n’est pas le seul corrompu dans cette affaire.
De retour au central, il est reçu par une gifle magistrale de Verjeat : pour se sauver, il a accusé son supérieur d’avoir reçu des pots de vin bien supérieurs à ceux qui lui sont reprochés. Devant Ledoux, Verjeat clame son innocence, mais cette nouvelle fait le tour de la ville : les indicateurs de police, puis les détenus de la prison de Rouen, le traitent rapidement comme un pourri et refusent de traiter avec lui. Devant Delmesse, le commissaire se défend mais le juge semble convaincu de sa culpabilité. Le temps de l’enquête, le magistrat lui demande de ne pas quitter Rouen mais lui permet de continuer l’enquête sur Portor. Puis Verjeat se rend au domicile de Lefèvre et fête avec lui cette première réussite : il n’est plus obligé de partir pour Montpellier et peut récupérer l’enquête que Ledoux avait fini par confier à Pignol. En fait, les deux policiers avaient organisé cette mise en scène de corruption afin de permettre à Verjeat de pouvoir rester à Rouen par ordonnance judiciaire. Cerise sur le gâteau : Lardatte lui a téléphoné. Lorsqu’il le rencontre, le candidat lui explique qu’il pourrait l’aider dans cette affaire avec Delmesse, en échange de quoi Verjeat pourrait aider Lardatte à son tour. Le jour suivant, les deux policiers apprennent que Portor a été « logé ». En dépit des précautions prises, celui-ci arrive tout de même à s’enfuir. De retour au central, Ledoux les convoque et leur apprend que Pignol est passé voir "madame Portor" à l’hôpital. Verjeat et Lefèvre sont obligés de lui avouer que l’affaire de corruption n’était qu’un plan monté par le commissaire pour pouvoir continuer l’enquête et coffrer à la fois Portor et Lardatte ; l’argent extorqué à la tenancière du lupanar a été déposé chez un huissier, il n’y a donc pas d’affaire. Sans Portor, impossible de s’occuper de Lardatte ; le plan a échoué. Ledoux, furieux, lui ordonne de partir dès le lendemain pour Montpellier ; il expliquera au juge Delmesse de quoi il retourne dans son affaire, mais prévient Verjeat qu’il n’empêchera pas le juge de l’accuser d’outrage à magistrat si Delmesse le souhaite.
Pignol apprend à ce moment que Portor est dans la maison de Lardatte et l’a pris en otage. Le criminel réclame Verjeat et refuse de discuter tant avec Pignol qu’avec Ledoux. Le contrôleur demande alors à Verjeat de parlementer avec Portor ; le commissaire se saisit du haut-parleur et dit : "Verjeat, il est à Montpellier, Verjeat !" Puis il se tourne vers Lefèvre et le salue : "Adieu poulet …"
Césars 1976 : double nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Victor Lanoux et pour Patrick Dewaere et nomination au César du meilleur montage pour Jean Ravel
HOMMAGES ET DISTINCTIONS
Le 19 février 1977, Lino Ventura préside la 2e cérémonie des César, à la suite de son ami Jean Gabin, décédé trois mois auparavant.
Le 26 février 1983, à la 8e cérémonie des César, Lino Ventura est nommé pour le César du meilleur acteur pour son interprétation dans Les Misérables.
Le 12 mars 1988, quatre mois après sa mort, Lino Ventura reçoit un hommage à la 13e cérémonie des César.
En 1999, le nom de Lino Ventura est donné à une place située dans le 9e arrondissement de Paris, lors d’une cérémonie en présence de son épouse.Un buste en glaise de Lino Ventura fut réalisé par le sculpteur Daniel Druet.
En 2003, la ville de Parme, sa ville natale, lui rend hommage en donnant son nom au centre du cinéma de la commune : Centro cinema Lino Ventura.