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CYCLE Grands acteurs et actrices français : Philippe Noiret

  • Mis à jour : 10 mai 2020

BIOGRAPHIE

JEUNESSE ET FORMATION

Philippe Noiret est issu d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale. Son père, Pierre Georges Noiret, est vendeur de faux-cols dans une grande maison de confection. Mais il est aussi passionné de littérature, de textes d’auteurs et de poésie. Sa mère, Lucy Clémence Ghislaine Heirman, d’origine belge, est femme au foyer. Dans son enfance, Philippe reçoit une éducation catholique.

Après de multiples déplacements (Lille, Boulogne-sur-Mer, Berck, Lyon et même le Maroc entre 1936 et 1938), Philippe Noiret passe son enfance à Toulouse en Midi-Pyrénées, région à laquelle il est resté très attaché. Il possèdait une maison traditionnelle, où il se ressourçait régulièrement lorsqu’il ne travaillait pas et où il cultivait sa passion de l’élevage de chevaux à Montréal dans l’Aude, à vingt kilomètres à l’ouest de Carcassonne. C’est dans les environs de sa propriété que l’ultime scène du film « La Vie et rien d’autre » de Bertrand Tavernier a été tournée, scène dans laquelle son personnage se promène à travers la campagne.

Il étudie au lycée Janson-de-Sailly dans le 16e arrondissement de Paris, d’où il est exclu, puis, en septembre 1945, au collège de Juilly en Seine-et-Marne. Vivant mal son état de cancre, il chante à la chorale de la Cigale, filiale des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, avec laquelle il se produira à la Basilique Saint-Pierre de Rome à Pâques en 1949. Il enregistre aussi un disque comme chanteur sous la direction de François Vercken.

Au pensionnat, à l’imitation de camarades d’ascendance aristocratique, il obtient pour présent de ses parents, qui vendent leurs alliances pour la lui payer, une chevalière armoriée. C’est également au collège de Juilly que l’un de ses professeurs, père oratorien, lui révèle sa vocation de comédien. Afin de tester ses aptitudes, le Père Louis Bouyer lui propose de mettre en scène des pièces de théâtre, invitant Julien Green et Marcel Jouhandeau aux représentations. Ces deux derniers écrivains confirment le potentiel de Philippe Noiret pour le métier de comédien3.

En 1949, ayant échoué trois fois au baccalauréat, il abandonne ses études et s’inscrit aux cours d’art dramatique de Roger Blin à Paris, à l’association de l’Éducation par le jeu dramatique (EPJD), fondée par Jean-Marie Conty. Puis il se forme au Centre dramatique de l’Ouest, où il rencontre Jean-Pierre Darras.

CARRIERE AU THEATRE

En 1953, Philippe Noiret entre au Théâtre national populaire (TNP) après une audition devant Jean Vilar et Gérard Philipe. Durant sept ans, il connaît la vie de troupe de théâtre, interprétant plus de quarante rôles des grands classiques (« Le Cid » de Pierre Corneille en 1953, « Macbeth » de William Shakespeare en 1954, « Dom Juan » de Molière en 1955, « Le Mariage de Figaro » de Beaumarchais en 1956, « Le Malade imaginaire » en 1957 ou « L’École des femmes » de Molière en 1958). Avec la troupe, il se produit notamment au Théâtre national de Chaillot et au Festival d’Avignon, créé par Jean Vilar.

Il quitte le TNP en 1960 pour jouer dans la pièce de théâtre « Château en Suède » de Françoise Sagan, sous la direction d’André Barsacq, au Théâtre de l’Atelier. Dans le même temps, il interprète avec succès au cabaret un duo comique d’actualité politique avec Jean-Pierre Darras (à l’Écluse, aux Trois Baudets, à la Villa d’Este et à l’Échelle de Jacob). À travers leurs personnages de Louis XIV et de Jean Racine, les deux comédiens se moquent de la politique du général de Gaulle et de Michel Debré ou d’André Malraux.

De plus en plus sollicité par le cinéma à partir des années 1960, il abandonne le théâtre pendant trente ans, jusqu’à son retour en 1997 dans « Les Côtelettes de Bertrand Blier, où il joue le rôle « d’un pauvre mec de gauche qui se retrouve en train de glisser à droite ». La pièce est jugée sévèrement par la critique, mais est un succès public.

S’ensuivent « L’Homme du hasard » de Yasmina Reza aux côtés de Catherine Rich en 2001, « Les Contemplations » en 2002 où, seul en scène, il se livre à la lecture du texte de Victor Hugo, et enfin

  • i>« Love Letters »

d’Albert Ramsdell Gurney avec Anouk Aimée en 2005, correspondance épistolaire de deux personnages durant toute leur vie. Ces pièces sont autant de succès critiques et publics.

CARRIERE AU CINEMA

1. Les années 1950-1960 : premiers succès

Formé au théâtre, Philippe Noiret n’envisageait pas à ses débuts de faire une carrière au cinémanote.Sa première expérience cinématographique a lieu en 1955, dans la première réalisation d’Agnès Varda, « La Pointe Courte ». À la dernière minute, il prend la place de Georges Wilson, tombé malade. Il est alors très marqué de se voir pour la première fois à l’écran (marchant de dos), ressentant un certain malaise du fait de son physique, malaise qu’il surmontera lorsqu’il tournera avec Jean Gabin.

Il retrouve le grand écran cinq ans plus tard, avec le rôle de l’oncle Gabriel de « Zazie dans le métro » de Louis Malle (1960).

Cependant, son incursion au cinéma est lente. Alors que le paysage cinématographique est marqué par le mouvement de la Nouvelle Vague, il tourne sous la direction de réalisateurs de l’ancienne génération (comme Jean Delannoy, René Clair, Pierre Gaspard-Huit ou Jean-Paul Le Chanois), dans des films plutôt mineurs de leurs filmographies, le plus souvent dans des seconds rôles. Parallèlement, il commence une carrière internationale sous la direction de réalisateurs comme Peter Ustinov, William Klein ou Vittorio De Sica.

Après un rôle dur dans « Thérèse Desqueyroux » de Georges Franju en 1962,

il se fait remarquer en 1966 dans « La Vie de château » de Jean-Paul Rappeneau (Prix Louis-Delluc 1966). En 1968, sa carrière prend un nouvel essor avec « Alexandre le bienheureux » d’Yves Robert. Il obtient les faveurs de la presse et du public pour son rôle de cultivateur soumis à de rudes journées et ayant soudainement décidé d’arrêter de travailler. Le film sort quelques mois avant les événements de mai 68 et les idées libertaires du personnage contribuent à son succès auprès du public.

En 1969, il tourne avec Alfred Hitchcock dans le film d’espionnage « L’Étau », au sein d’une distribution composée de comédiens français, notamment Dany Robin, Claude Jade, Michel Subor et Michel Piccoli.

La fin des années 1960 est ponctuée de films tournés à l’étranger et d’échecs retentissants (« Clérambard » en 1969 ou « Les Caprices de Marie » en 1970).

2.Les années 1970 : la consécration

Le second film charnière de la carrière de Philippe Noiret est« La Vieille fille » de Jean-Pierre Blanc, tourné en 1971. Avec l’immense succès remporté par La Vieille fille, il s’implante définitivement dans le paysage cinématographique français, en confortant sa popularité auprès du public.

Toujours en 1971, il tourne « La Guerre de Murphy (Murphy’s War) », film de guerre britannique réalisé par Peter Yates avec Peter O’Toole dans lequel il interprète un ingénieur français travaillant pour une compagnie pétrolière dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale au Venezuela.

Tout au long de sa carrière, Philippe Noiret a fait preuve d’éclectisme dans ses choix, lui permettant de s’imposer aussi bien dans la comédie que dans le drame ou les films noirs. Sa femme, Monique Chaumette, a été une précieuse conseillère.

De même, n’ayant pas le physique de jeune premier, il interprète des personnages de « Monsieur Tout-le-Monde », tout en jouant avec son image. Il est sollicité pour des rôles de personnages odieux comme il avait déjà joué dans « La Porteuse de pain » (1963), pour des films avec une dimension engagée (comme « Trois frères » en 1980, interprétant un juge menacé de mort par les « Brigades rouges » ou « Les Lunettes d’or » en 1987, avec le rôle d’un homosexuel à l’époque fasciste).

On lui refuse le rôle de Porthos au cinéma car « le metteur en scène ne l’a pas trouvé assez grand et a pensé qu’il n’avait pas l’humour du personnage ». Ou encore, il n’hésite pas à accepter des rôles controversés. Ce fut le cas avec La « La Grande bouffe » de Marco Ferreri aux côtés de Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Ugo Tognazzi et son épouse Monique Chaumette. Ce film délirant, où un groupe d’amis quinquagénaires, désabusés de la vie, décident de se suicider collectivement dans une dernière orgie en se gavant de nourriture et de sexe, provoque un scandale au Festival de Cannes 1973.

Par ailleurs, production franco-italienne, « La Grande bouffe » lui ouvre définitivement les portes d’une carrière en Italie. Ainsi, dès 1973 il retrouve Marco Ferreri pour « Touche pas à la femme blanche ». Puis il tourne notamment « Mes chers amis » de Mario Monicelli (1975), dont l’énorme succès le fait définitivement adopter par le public italien et dont il tournera la suite en 1982 (« Mes chers amis 2 »), « Le Désert des Tartares » de Valerio Zurlini en 1976, « Trois frères » de Francesco Rosi en 1980, « La Famille » d’Ettore Scola en 1986, « Les Lunettes d’or » de Giuliano Montaldo en 1987, puis « Cinema Paradiso » de Giuseppe Tornatore en 1988 ou« Le Facteur » de Michael Radford en 1994. Au total, il tournera une vingtaine de films outre Alpes.

De même, les années 1970 sont marquées par sa rencontre importante avec le réalisateur Bertrand Tavernier. Comme il avait tourné dans « Poil de carotte » (1973), premier film d’Henri Graziani, Philippe Noiret s’attache à tourner avec les réalisateurs se lançant dans leur première œuvre. Il aide ainsi Tavernier à monter son premier film, « L’Horloger de Saint-Paul » (1974), et devient un de ses comédiens fétiches marqué par une longue collaboration et une grande complicité (il a été le témoin de mariage de Bertrand Tavernier).

Après cette première expérience de L’Horloger de Saint-Paul, ils tournent encore sept films ensemble : « Que la fête commence » (1975),

« Le Juge et l’assassin » (1976),

« Coup de torchon » (1981),

« La Vie et rien d’autre » (1989) et « La Fille de d’Artagnan » (1994), films dans lesquels il endosse les premiers rôles ; et il effectue quelques participations amicales, d’une part dans « Une semaine de vacances » (1981) où il reprend son personnage de L’Horloger de Saint-Paul (le temps d’une scène, ce dernier évoque les événements relatés dans le film précédent et présente un personnage plus apaisé ayant tiré des leçons de la vie) et d’autre part, dans « Autour de minuit » (1986). De plus, « la mort en direct  » 1980) aurait pu porter à neuf le nombre de leur collaboration, puisque Philippe Noiret devait interpréter le rôle du mari de Romy Schneider. Cependant, absent des plateaux de cinéma pour cause de santé, il est remplacé par Max von Sydow.

Le 3 avril 1976, il obtient son premier César du meilleur acteur pour son rôle dans « Le Vieux Fusil » de Robert Enrico. Il prend le rôle d’un médecin qui venge la mort de sa femme et sa fille, sauvagement assassinées par des soldats SS, à la fin de l’Occupation allemande. Le film remporte un énorme succès8, et avec ce personnage fou de douleur face à la mort de sa femme interprétée par Romy Schneider, il impose l’image d’homme séduisant.

Le face-à-face avec Romy Schneider, marquée par la vie, et malgré des débuts délicats, se révèle finalement une belle rencontre humaine entre les deux acteurs et donnera lieu à de grands moments de cinéma (notamment lors de la séquence tournée à La Closerie des Lilas qui relate la rencontre entre Julien Dandieu et celle qui deviendra l’épouse adorée du personnage. Il lui déclare de but en blanc qu’il l’aime et qu’il désire l’épouser après l’avoir regardée en silence.

Il retrouve par la suite des personnages charmants, notamment face à Catherine Deneuve, Sabine Azéma, Charlotte Rampling, Simone Signoret, Fiona Gélin ou Ornella Muti. Du fait de cette image qu’il impose désormais, il devient le premier homme à faire la couverture du magazine féminin Elle en 19789.

En 1978, il prête sa voix au spectacle de nuit La Cinéscenie du Puy du Fou, aux côtés d’Alain Delon, Jean Piat, Suzanne Flon ou encore Robert Hossein.

Cependant, la fin des années 1970 est marquée par quelques difficultés connues par l’industrie cinématographique et des projets ne voient pas le jour. Philippe Noiret s’engageant sur certains de ces projets et attendant leur aboutissement, il tourne alors moins de films. Ou bien certains films sont entrepris mais ne sont pas menés à terme, comme « Coup de foudre » de Robert Enrico (1977) avec Catherine Deneuve, qui est arrêté au bout d’une semaine de tournage. Puis il reste un an sans tourner, étant malade.

3. Les années 1980 : une figure incontournable du cinéma français

Philippe Noiret revient sur grand écran dans les années 1980 avec « Pile ou Face » de Robert Enrico.

Durant cette décennie, il devient un acteur incontournable du paysage cinématographique, tournant avec les réalisateurs reconnus : Pierre Granier-Deferre, Bertrand Tavernier, Claude Chabrol, Claude Zidi ou Ettore Scola, ainsi que dans de multiples films ayant connu le succès. Il joue également des films au budget important comme « Fort Saganne » d’Alain Corneau (1984) ou « Chouans ! » de Philippe de Broca (1988).

En 1984, il tourne le premier volet de la trilogie à grand succès « Les Ripoux » de Claude Zidi, un tandem tonitruant de flics formé avec Thierry Lhermitte, où il initie celui-ci, policier novice sorti de l’école, aux petites combines à l’amiable avec les truands. Il retrouvera son personnage de René Boisrond en 1990 dans « Ripoux contre ripoux », puis « Ripoux 3 » en 2003. Régine, Line Renaud et Grace de Capitani endossent le costume de leurs compagnes prostituées.

En 1986, il tourne « Masques » de Claude Chabrol, critique de la télévision et du monde bourgeois. Il prend les traits d’un animateur de télévision qui derrière sa bonhomie cache une figure exécrable, n’hésitant pas à séquestrer et tuer pour arriver à ses fins.

En 1988, il tourne « Cinema Paradiso » de Giuseppe Tornatore qui le rend internationalement célèbre, notamment du fait de son accueil extrêmement chaleureux au Festival de Cannes 1989, ou encore « La Vie et rien d’autre » de Bertrand Tavernier pour lequel il reçoit son second César du meilleur acteur en 1990.

4. Les années 1990-2000 : une période en retrait

Dans les années 1990, Philippe Noiret continue à tourner parmi ses films les plus notables comme « Uranus » de Claude Berri (1990),« J’embrasse pas » d’André Téchiné (1991) où il endosse le rôle d’un homosexuel sollicitant les prostitués, « Max et Jérémie » de Claire Devers (1992) film noir où il interprète le personnage sombre d’un tueur à gages, ou encore « Le Facteur » de Michael Radford (1994) où il campe le rôle du poète chilien Pablo Neruda exilé en Italie pour protester contre la dictature de Pinochet

En 1996, il retrouve ses deux grands amis Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans un trio au sommet avec le film « Les Grands Ducs » de Patrice Leconte, mais le film n’obtient pas le succès escompté.

En 1997, il retrouve son complice Philippe de Broca dans « Le Bossu », où endosse de nouveau le costume du Régent Philippe d’Orléans, vingt ans après « Que la fête commence. »

Moins sollicité par le cinéma dans les années 2000, il revient sur les planches, avant un ultime succès sur grand écran avec « Père et Fils » de Michel Boujenah en 2003. Sur le ton de l’humour, il joue le personnage d’un père de famille s’inventant une maladie grave afin de partir en voyage avec ses trois enfants en vue de les réconcilier.

À l’occasion du 14 juillet 2005, alors qu’il l’avait toujours refusée auparavant (estimant que la reconnaissance venait du public), il se voit remettre la décoration de chevalier de la Légion d’honneur par le Premier ministre Dominique de Villepin. Il est alors âgé de 74 ans.

VIE PRIVEE

FAMILLE

En 1962, Philippe Noiret épouse la comédienne Monique Chaumette, rencontrée au Théâtre national populaire. Ils ont une fille, Frédérique Noiret (née le 25 mai 1960) qui est assistante de direction de tournage de cinéma et scénariste. Il est le grand-père de Deborah Grall, également comédienne.

Depuis les années 1980, il a arrêté toute consommation d’alcool à la suite d’une hospitalisation pour de graves douleurs au ventre, mais fumait deux cigares par jour.

DECES

Philippe Noiret meurt dans l’après-midi du 23 novembre 2006 (vers 18 heures) à son domicile parisien, à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer généralisé. Son ami Jean Rochefort dit de lui : « Un grand seigneur nous a quittés. »
Parmi les hommages officiels, celui du président de la République Jacques Chirac : « Avec lui, c’est un géant qui nous quitte, il restera l’un de nos plus grands acteurs » et celui du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres  : « Philippe Noiret était une immense figure du septième art mais aussi l’un des acteurs les plus aimés et les plus respectés des Français. […] Nous garderons le souvenir de son élégance, dans tous les sens du terme, de sa voix incomparable et reconnaissable entre toutes. »

Ses obsèques sont célébrées en la Basilique Sainte-Clotilde à Paris en présence de nombreux cinéastes et comédiens dont beaucoup ont tourné avec lui10 et du Premier ministre Dominique de Villepin. Très affectés, ses amis Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort préfèrent ne pas assister à la cérémonie. Il est inhumé le 27 novembre 2006 au cimetière du Montparnasse (3ème division) à Paris,.