HISTOIRE DU CINEMA NORVEGIEN
1. Début du cinéma norvégien
C’est le 6 avril 1896 que le Cinéma fut introduit en Norvège. Au Cirkus Variété à Christhiana, l’Allemand Max Skladanowsky présenta les neuf courts-métrages projetés en première mondiale à Berlin le 1er novembre 1985, deux mois avant les projections publiques des Frères Lumière à Paris.
Mais comme le cinématographe du Salon indien était plus connu que le "bioscop" de Skladanowsky, la direction de la salle Circus Variété annonça le spectacle dans les journaux comme le « "Cinématographe", l’événement unique à Paris et à Christiana.
Il a fallu attendre une année pour assister à la projection de films français comme« La sortie des usines Lumière », « L’arroseur arrosé », « Scènes du Moulin Rouge », films produits par les sociétés Lumière et Gaumont.
Dans les années qui suivirent, l’exploitation de la nouvelle invention fut aux mains des étrangers, comme les films, les projecteurs et même les présentateurs. Certains de ces ambulants, - qui étaient surtout des Allemands, Français et Anglais - se contentaient de visiter la capitale, parmi eux Madame Vrignault qui en novembre 1901 présenta le " théâtre immortel", un programme cinématographique montré un an plus tôt lors de l’Exposition universelle à Paris sous le nom de "Phono-Cinéma-Théâtre"
Après plus de huit ans de projections sporadiques, la Norvège ouvrit sa première salle de cinéma permanente le 1er novembre 1904. Cette salle fut appelée Kinématograf- Theatret. Elle fut construite selon le concept Lumière : un petit local élégant avec des salons à côté, sur deux étages, dans la rue principale de la capitale. Les projecteurs étaient du dernier modèle de chez Pathé, d’où venait également la plupart des films. Dans le sillage de cette première salle, plusieurs autres ont été ouvertes à Christiania et ailleurs dans le pays. À cette époque pionnière, la Norsk Kinematograf Aktieselskab (La Société Anonyme Norsk Kinematograf) était dominante. Sous la direction de Hugo Hermansen, un réseau de salles fut créé dans le pays « et pour les fournir en films, la société commença à en réaliser. En novembre 1905, l’arrivée du nouveau roi de la Norvège à Christiania fut l’événement à immortaliser pour un grand nombre d’opérateurs, mais seule la Norsk Kinematograf A/S avait un réseau de salles suffisamment étendu pour montrer ce moment historique : couronnement du roi pendant l’été 1906
Ayant un grand nombre de salles à sa disposition et l’expérience de ses films documentaires et d’actualité, rien d’étonnant à ce que la Norsk Kinematograf A/S réalise en 1908 ce qui est considéré comme le premier film de fiction : « Fiskarliuets Farer (Les dangers de la vie d’un pêcheur) ». Le film n’existe plus, mais l’histoire nous raconte que l’action était simple et sentimentale, les comédiens étaient des amateurs, le tournage n’a duré que quelques heures dans le fjord à l’extérieur de Christiania. Le film montre un pêcheur et son fils sur la mer. Tout à coup le fils tombe à l’eau, le pêcheur l’en retire, rentre jusqu’à la rive, où sa femme l’attend, mais le fils est déjà décédé.
Ce qui est peut-être le plus intéressant dans ce film, c’est qu’il a été tourné par Julius Jaenzon, un Suédois qui travaillait comme caméraman pour la société de Hermansen dans les années 1906-10. Plus tard, de retour en Suède, il deviendra le chef opérateur de plusieurs films qui aujourd’hui sont considérés comme des classiques du cinéma muet suédois.
2. Le cinéma muet
La raison pour laquelle Hugo Hermansen n’a pas continué à produire des films de fiction n’est pas connue. Il fallut attendre 1911 pour que le second film norvégien de fiction soit réalisé : « Fattigdomens Forbandelse (La malédiction de la pauvreté) », produit par International Films-Kompagni A/S et réalisé par Nobel Roede, qui était aussi bien réalisateur que producteur et expoitant dans sa propre salle « Kosmorama » dans la capitale. Le premier film de Roede,
La malédiction de la pauvreté est un drame social avec, comme ingrédients : une grève, un meurtre, de l’amour et une vraie bataille maritime.
Halfdan Nobel Roede, directeur de la société de production était aussi un compositeur, collectionneur d’art. Des huit longs métrages qui ont été produits en Norvège entre 1911 et 12, six ont été faits par la société de Nobel Roede. Les deux autres, « Dœmonen » Le démon, 1911) et « Anny — en gadespiges roman » (Anny — le roman d’une fille des rues, 1912) produits l’un par la A/S Norsk Films Kompagni (directeur Jens Chr. Gundersen) et l’autre par Olaf K. Bjerke, étaient des productions isolées.
Que seulement dix longs métrages aient été réalisés en Norvège avant la Première Guerre mondiale reste encore aujourd’hui non éclairci. Aux spectateurs norvégiens, on montrait des drames, des comédies et films d’actualité importés, entremêlés de courts métrages sur des événements locaux norvégiens. Il semble que les exploitants norvégiens aient préféré investir leurs bénéfices dans des courts métrages d’actualités plutôt que dans des longs métrages de fiction. On ne pouvait pas accuser le peuple norvégien d’un manque d’intérêt pour le cinéma, au contraire, de plus en plus de salles voyaient le jour dans le pays et le cinéma occupait une part importante des loisirs.
Pendant l’été 1913, le gouvernement norvégien adoptait une loi de censure nationale pour le cinéma. Mais la loi cinématographique de 1913 contenait aussi des prescriptions concernant l’autorisation d’exploitation de salles : toutes les projections publiques étaient soumises à une concession communale. Ainsi, l’exploitation cinématographique est devenue une affaire de politique communale en Norvège. Déjà avant la promulgation de la loi cinématographique, plusieurs communes avaient compris qu’il valait mieux que les bénéfices de l’exploitation profitent à la commune plutôt qu’elles ne disparaissent dans les poches des exploitants privés. Maintenant, avec la loi comme soutien, les politiciens communaux avaient le droit de décider que telle ou telle salle resterait privée ou que la commune s’occuperait de l’exploitation. En automne 1913, la première salle communale ouvrait ses portes dans le nord de la Norvège. C’était le début d’un engagement public important dans la production et l’exploitation cinématographique norvégienne, un système qui allait se développer en un phénomène unique dans le monde occidental. Aujourd’hui, l’importance de ce système communal se traduit par une grande quantité de salles de haute qualité et
histoire cinématographique caractérisée par une petite production nationale.
L’époque pionnière du cinéma norvégien
Les années 1910
La première période pionnière de la production cinématographique norvégienne est marquée par des essais isolés. Plusieurs pionniers courageux essayèrent d’établir une production, mais ils furent obligés d’abandonner après quelques rares films. C’étaient souvent des exploitants de salle et des distributeurs qui voulaient produire des films pour leurs salles. La Norvège réalise entre 1908 et 1919 vingt longs métrages de fiction. La plupart étaient des mélodrames tournés dans un milieu urbain, du même type que ceux réalisés au Danemark, en Allemagne et en France.
Le programme présenté, en 1911 dans la salle Kosmorama de Roede à Christiania était le suivant :
- en ouverture, un court métrage documentaire sur Trondheim, tourné par la Kosmorama même,
- suivi du film de fiction norvégien « Hemmeligheden (Le secret, 1911) ».
- après ce mélodrame d’amour, d’infanticide et de secrets, on enchaînait par un reportage de mode à Paris, en Pathé-couleur.
- puis, un western américain de la Vitagraph
- on finissait avec une comédie française, dont le rôle principal était tenu par Max Linder qui était très populaire à l’époque en Norvège
Jens Christian Gundersen, avocat de la cour d’appel et réalisateur, connaissait bien le Danemark et l’industrie cinématographique danoise. En 1911, il réalisa « Dœmonen (Le démon) », tourné à Copenhague. Les scènes de carnaval de ce film sont le plus ancien document sauvegardé du cinéma de fiction norvégien. Per Krogh, dans le rôle de Pierrot, y exécutait une danse « d’apache » français et cette scène est apparemment la plus mémorable du film de Gundersen¬
En 1913, débuta un des grands pionniers du cinéma norvégien, Ottar Gladtvet, avec le film « Overfaldet paa postaapnerens datter » (L’attaque contre la fille du receveur) ou « Kampen om pengebrevet » (La bataille pour le mandat). Cette histoire simple de brigands montre une attaque et un rapt. Après une poursuite dramatique où le brigand Krestjan Raeka est jeté d’un train et dévale d’une pente raide, le film peut alors se terminer heureusement avec le mariage entre les deux personnages principaux
Quelques années plus tard, Ottar Gladtvet réalisa « Revolutionens datter (La Fille de la Révolution,1918) » un récit captivant et aventureux, là aussi, avec cette fois l’agitation sociale et la révolution en toile de fond. Ces deux films avaient un caractère de films à épisodes, qui nous rappellent les cinéromans populaires français des réalisateurs Louis Feuillade ou Victorin Jasset, ou carrément les mélodrames-feuilletons comme « Les Mystères de Paris » d’Eugène Sue.
Les films de Gladtvet étaient francs et plein d’action avec bagarres et temps forts. Mais la « mise en image » était peu nuancée. Ces problèmes centraux dans la toute première période pionnière norvégienne — la non professionnalité des comédiens et la volonté du réalisateur à faire TOUT tout seul — étaient partagés par Gladtvet avec l’écrivain Peter Lykke-Seest, peut-être le meilleur réalisateur et producteur d’avant 1920.
L’essor de la production dans les années 1911-12 fut suivi par une sombre période de l’histoire cinématographique norvégienne. Un seul film fut réalisé en 1913, puis aucun jusqu’en 1916, année où Peter Lykke-Seest commença sa production, qui est devenue la plus ambitieuse de la première période pionnière en Norvège.
Peter Lykke-Seest avait travaillé comme scénariste aussi bien pour la Nordisk Film danoise que pour la Svenska Bio suédoise. Frustré par l’absence d’une production norvégienne, il retourna en Norvège pour y créer sa propre entreprise. Entre 1916 et 1920, Peter Lykke-Seest a tenté d’établir une production continue. Il a construit le premier studio de tournage et s’est entouré de collaborateurs, notamment Ottar Gladtvet comme opérateur. Le premier film de Lykke-Seest « Unge hjerter (Jeunes cœurs) » est réalisé en 1917, puis suivi de huit autres jusqu’en 1920, année où sa société la Christiania Film Co. A/S déposa son bilan
Le meilleur et le plus populaire des films de Lykke-Seest est « Historien om en gut » (L’histoire d’un garçon, 1919) qui a été vendu entre autres à la Suède et à la Tchécoslovaquie.
Comme les films de Gladtvet, c’est un film à épisodes qui se rapproche d’un cinéroman. Il raconte l’histoire du jeune Esben qui, accusé de vol à l’école, s’enfuit de chez lui et évolue dans les différentes couches de la société. Il travaille dans une ferme et est obligé de participer aux méfaits d’une bande de brigands. A la fin, tout s’arrange : les accusations de vol étaient fausses et, après une pour¬ suite dramatique, il échappe à la vengeance des brigands. L’histoire d’un garçon, partiellement conservé, est un film efficace et passionnant, un mélodrame réalisé comme un feuilleton, mais présentant une nouveauté dans l’histoire du cinéma norvégien : il s’éloigne du milieu urbain qui avait jusque-là imprégné les films précédents et, fait jouer un plus grand rôle à la nature norvégienne, cette nature qu’on allait si bien utiliser dans les années vingt. L’histoire d’un garçon peut être considéré comme un film marquant la transition entre les films standards à orientation internationale du début des années dix et les films norvégiens plus réussis et nationaux des années vingt.
Les années vingt
L’année 1920 est un point de l’histoire cinématographique norvégienne. A partir de cette année-là, la Norvège démarre une production plus stable et plus professionnelle. En même temps, le contenu des films devient plus national. La production change de caractère, on va de mélodrames fait pour un public international vers un romantisme rural et national.
L’exploitant de salle G. A. Olsson et le comédien Rasmus Breistein s’imposèrent chacun de leur côté le devoir de créer un film national et en 1920, ils produisirent respectivement « Kaksen pâ Overland » (Le fermier de Overland) et « Fante-Anne » (Anne, la gitane).
Plusieurs motifs ont eu leur importance dans ce tournant national du film norvégien . La création de la première association publique du cinéma, la Kommunale Kinematogragers Landsforbund (La Confédération des Cinématographes Communaux) en 1917 et de sa société de distribution, Kommunenes Filmcentral A/S en 1919 participa à cet enjeu national de production cinématographique. Kommunenes Filmcentral A/S prit en partie l’initiative, et co-productrice de Anne, la gitane, elle contribua financièrement à la production de onze des trente-deux métrages réalisés jusqu’à l’arrivée du parlant en 1930. En tant qu’institution publique, KF A/S considérait la production de films norvégiens comme une tâche d’honneur de même que pour chaque association d’État dans les années d’entre les deux guerres. Les milieux artistiques en Norvège continuaient à être très influencés par le courant « construire une nation ». La Norvège n’avait acquis sa totale indépendance politique qu’en 1905, ce qui peut expliquer la force des ambitions nationales dans le pays.
Après avoir été, d’un point de vue bourgeois, considéré comme un divertissement international affadissant et souvent moralement condamnable, le cinéma a pu, grâce
à cet effort national, prendre place parmi les modes d’expressionartistique.Toutefois, il ne s’agissait pas encore « d’oeuvre d’art ». Ce sont d’abord des écrivains de deuxième rang, souvent du siècle dernier, qui ont été à la base du film
nationaliste romantique.
Les grands écrivains Ibsen et Bjornson ne seront pas adaptés à l’écran par des réalisateurs norvégiens durant cette décennie. Cependant deux oeuvres du Prix Nobel, Knut Hamsun, ont été portées à l’écran : « Markens grode » (Les fruits de la terre, 1921) par un Danois qui arriva en Norvège avec l’idée de tourner le premier film d’après Hamsun, et Pan (1922) par une équipe complètement norvé¬ gienne, avec, tentant sa chance comme réalisateur, encore une fois un comédien Harald Schwenzen.
Ces films ruraux de fiction produits par les Norvégiens déclenchèrent l’enthousiasme du public. Seuls auparavant les films de reportage sur la nature et la société norvégienne avaient entraîné un tel enthousiasme. Ces productions ont été suivies dans les années vingt par plusieurs longs métrages sur la nature et la vie économique du pays, visant aussi bien un public international que national. Il y avait chez le grand public un besoin de voir sa propre nature et son histoire sur l’écran. Les films avec des traits typiques de romantisme national comme les costumes folkloriques, l’exploitation des alpages et les chansons populaires n’ont disparu qu’après la Deuxième Guerre mondiale. Une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas disparu plus tôt pourrait être l’utilisation propagandiste par les nazis norvégiens de ces symboles. Mais qu’y a-t-il de national dans les films norvégiens des années vingt ? D’abord, l’ambition nationale est également nette au-delà du genre du romantisme national. Les films urbains qui essaient de décrire la Norvège moderne,
montrent des personnages et des phénomènes qui donnent des signes de gloire nationale.
Le héros de « Bergenstoget plundret i natt » (L’attaque du train de Bergen, 1928), joué par le comédien connu, Paul Richter, alors la star de la grande épreuve sportive, la course de ski de Holmenkollen. Cette scène ne figurait pas dans le texte littéraire. De plus, le générique nous informe que les paysages du film sont les montagnes sauvages où Scott et ses hommes se sont préparés avant leur voyage au Pôle Sud. Au même endroit fut tourné « Syu dager for Elisabeth » (Sept jours pour Elisabeth, 1927). Ici, la nouvelle grande patineuse, Sonia Henie paraît dans un numéro de danse sur un lac de montagne gelé.
Dans les films de romantisme national, la représentation de la campagne et du paysan est tantôt idyllique, surtout celle du valet, tantôt critique. Nous retrouvons dans les films ruraux des exemples de cette contradiction de l’idéologie et de l’esthétique de romantisme national, la tension entre « les deux cultures »
dans notre histoire moderne : une image idéalisée de la campagne norvégienne par une bourgeoisie avec des références dano-norvégiennes, contre une description plus forte, naturaliste et réaliste de la campagne soutenue par une opposition paysanne radicale.
Le paysage national a un rôle central comme élément narratif indépendant dans ces
films. L’image du paysage avait subi un développement intéressant quand les photographes avaient suivi les intentions des peintres nationaux de la deuxième partie du 19e siècle. Certains endroits du pays étaient, par conséquence du romantisme, devenus des lieux touristiques en vogue pour des citadins allemands, anglais et norvégiens, entre autres.
Les photographes satisfaisaient la demande du marché touristi¬ que avec des images de la nature sauvage et inviolée de la Norvège, en même temps qu’ils étaient occupés à donner une documentation sans fard des conditions de vie à la campagne.
L’héritage de cette tradition documentaire dans la photographie norvégienne se retrouve dans les films plus critiques comme « Farnde Folk » (Les forains) de 1922 et « Glomdalsbruden » (Les fiancés de Glomdal) de 1926, ce dernier d’ailleurs réalisé parle grand Danois Cari Th. Dreyer.
« Til Sœters » (En montagne ), 1924, est un bon exemple du film idyllique avec le valet comme héros, le professeur comme scélérat et un grand mariage paysan comme final du film.
Dans « Troll-elgen » (L’élan magique, 1927) on montre une opposition romantique classique, où la ville représente la décadence et l’aliénation, tandis que la campagne est le lieu où l’amour et la vertu sont anoblis et protégés.
A la fin de la décennie, des films présentent des terres inconnues. Le paysage de la population sames (laponne) et sa façon de vivre nomade représentent une intensification de l’impulsion romantique : « le retour à la nature ». Les gens participent au corrant exotique du film européen à la fin des années vingt. Les descriptions idylliques sont les plus dominantes durant cette décennie. En 1930, le metteur en scène de Anne, la gitane produisit le dernier film muet norvégien, « Kristine Valdresdatter » (Kristine, la fille de Valdre). Sa mise en scène et sa thématique sont d’un nationalisme idyllique. Malgré la concurrence des films parlants étrangers de ce moment, il arrive en tête des statistiques d’entrées de cette année.
Ce film, qui est un mélodrame bien fait, démontre que le réalisateur Rasmus Breistein et l’opérateur Gunnar Nielsen-Vig ont acquis une grande expérience grâce au cinéma muet. C’est leur cinquième film de fiction depuis le début en 1920.
La popularité du cinéma peut indiquer un besoin, partagé entre les réalisateurs et le public, de films idylliques et nostalgiques à l’entrée des années trente.
Les années trente
Parmi les cinéastes sous-estimés, Tancred Ibsen se pose là. Double petit-fils d’Henrik Ibsen et Björnstjerne Björnsson, il fit ses armes comme assistant de Victor Sjöström pendant sa période américaine. Metteur-en-scène d’une ruralité norvégienne autant que de sa modernité, il était un artisan au style classique et efficace.
Les années cinquante
« La Mort est une caresse » est le premier long-métrage réalisé par Edith Carlmar, réalisatrice et actrice norvégienne. Succès critique et publique dès sa sortie, "La Mort est une caresse" est un film noir qui plait aux adeptes des drames relationnels d’après-guerre.
Elu film préféré du public norvégien en 1991, « Le Rescapé » est un des meilleurs films de montagnes qui soit. « Ni Liv » est un drame de figures esseulées et de monochromes. D’un côté, on a la silhouette noire de Jan qui s’affale sans arrêt dans des espaces blancs. De l’autre, les boules de neiges qu’il envoie au-devant de lui traversant des cieux gris avant de s’écraser et de se confondre avec l’espace homogène. Film de résistance physique et psychologique en temps de guerre, Le "Rescapé" démontre que désobéissance civile, sacrifices et liberté sont intrinsèquement liés. Arne Skouen était au cinéma norvégien ce que Jean Renoir était au cinéma français : un cinéaste que tout cinéphile devrait connaître.
PETIT FLORILEGE DU CINEMA NORVEGIEN
1. Les années trente
« Fant » (Le gitan (1937) de Tancred Ibsen, avec Alfred Maurstad, Sonja Wigert, Guri Stormoen, Oscar Egede-Nissen, Lars Tvinde.
Synopsis : une orpheline fuit le foyer de son oncle. Elle atterrit chez un gitan qui la force à commettre de petits larcins. La sœur du vagabond et le fiancé de la belle s’allient pour les retrouver. Le dénouement sera dramatique.
2. Les années cinquante
« La Mort est une caresse » (1950), d’Edith Carlmar, avec Claus Wiese, Bjørg Riiser-Larsen, Ingolf Rogde, Gisle Straume, Einar Vaage
Synopsis : Sonja, femme mariée issue de la bourgeoisie rencontre Erik, un garagiste. Ils entament une relation tandis qu’Erik commence à se comporter comme un gigolo.
« Le rescapé » (1957), d’Arne Skouen, avec Jack Fjeldstad, Henny Moan, Alf Malland, Joachim Holst-Jensen, Lydia Opøien
Synopsis : Nous sommes en 1943. Seul rescapé d’une mission ayant mal tourné, Jan, significativement diminué, tente de rejoindre la Suède à pied, aidé par ses patriotes norvégiens.
« De Dødes Tjern » (1958), de Kåre Bergstrøm, avec André Bjerke, Henny Moan, Henki Kolstad, Per Lillo-Stenberg, Erling Lindahl
Synopsis : Un groupe de jeunes adultes se rend dans un chalet au bord d’un lac sombre dans lequel on se suicide ou on disparaît. Les spectres, hallucinations et autres mystères permettent de développer le vrai drame de ce milieu isolé. Quand pulsions et fièvre noire (lappsjuka en Norvégien cabin fever en Anglais) sont combinées, la folie est la seule issue.
« La Chasse » (1959), d’Erik Løchen, avec Rolf Søder, Bente Børsum, Tor Stokke
Synopsis : Jules et Jim avec un fusil. Un couple légitime et un ami de la famille, prétendu amant de la femme, font une partie de chasse dans la montagne norvégienne. Jalousie et mort sont au rendez-vous.
3. Les années soixante dix
« Flåklypa Grand Prix » (1975), d’Ivo Caprino, avec les voix originales de Wenche Foss, Henki Kolstad, Frank Robert, Rolf Just Nilsen, Toralv Maurstad
Synopsis : Comment montrer que les Norvégiens sont les meilleurs ? En proposant un spectacle lié au pétrole : une course automobile où l’ingénierie norvégienne et les pétrodollars d’un cheikh en vacances doivent vaincre un simple voleur de brevets.
4. Les années quatre-vingt dix
« Stella Polaris » (1993), de Knut Erik Jensen, avec Anne Krigsvoll, Ketil Høegh, Eirin Hargaut, Vegard Jensen
Synopsis : Masculin, féminin. Deux adultes et deux enfants, valant pour toute la population du nord de la Norvège, essaient de survivre pendant le XXème siècle. L’arrivée de l’armée allemande, les années de guerre, puis la métamorphose de l’industrie de la pêche montrent un monde en corrosion, irradié par la lumière de l’étoile polaire.
« Eggs » (1995), de Bent Hamer
Synopsis : La vie routinière de deux frères septuagénaires est bouleversée par l’arrivée du fils caché de l’un d’entre eux.
“Zero Kelvin” (1995), de Hans Petter Moland, avec le trio d’Un Chic Type : Stellan Skarsgård, Bjørn Sundquist et Gard B. Eidsvold.
Synopsis : Un poète rejoint une expédition de deux trappeurs au Groenland. Dans l’iliade glacée et dure de l’hiver arctique, la violence éclate ; le groupe se disloque. Comment survivre seul dans le froid ?
« Junk Mail » (1997), de Pål Sletaune, avec Robert Skjærstad, Andrine Sæther, Trond Høvik, Trond Fausa Aurvåg, Bjørn Sundquist
Synopsis : Un facteur indiscret passe du statut de messager sans conscience professionnelle à celui d’ange gardien.
« Insomnia » (1997), d’Erik Skjoldbjærg, avec Bjørn Floberg , Stellan Skarsgård, Sverre Anker Ousdal, Maria Bonnevie
Synopsis : Une jeune femme a été assassinée dans le nord de la Norvège. Un policier suédois (armé) est dépêché dans cette région arctique où le soleil ne se couche jamais. Insomniaque, obsédé, maladroit, il ne semble guère mieux que l’assassin présumé de la lycéenne, un auteur à succès.
« Bloody Angels » (1998), de Karin Julsrud, avec Bjørn Floberg , Reidar Sørensen, Kjersti Holmen, Bjørn Sundquist, Jon Øigarden, Trond Høvik, Stig Henrik Hoff, Simon Norrthon, Ingar Helge Gimle, Kåre Conradi, Aksel Hennie, Trond Fausa Aurvåg, Trond Espen Seim, Cecilie A. Mosli, etc…
Synopsis : Venant enquêter dans une petite communauté à laquelle il est étranger, Nicholas Ramm va découvrir qu’on peut régler ses affaires loin des cours d’assises. Quand crimes pédophiles, petite délinquance, harcèlement moral et loi du talion sont mélangés, la justice est impuissante.
5. Les années 2000
« Musique pour noces et funérailles » d’Unni Straume (2002), avec Bjørn Floberg , Lena Endre, Kristoffer Joner, Wenche Foss, Petronella Barker
Synopsis : Dans la maison de l’architecte Strøm, on meurt, on pleure, on joue de la musique et on danse. Le minimalisme compulsif, les maîtresses, les grains de folie ré-insufflent de la vie dans une maison trop moderne et austère tandis que chacun fait son deuil.
« Norway of Life » (2006), de Jens Lien, avec Trond Fausa Aurvåg, Petronella Barker, Per Schaaning, Johannes Joner, Ellen Horn
Synopsis : Amnésique, Andreas arrive dans un nouveau monde où tout est propre, calculé, prévisible. Un nouveau boulot, un nouvel appartement et une nouvelle femme sont au rendez-vous. Dans ce monde digne d’une brochure en papier glacé, rien n’a de goût, rien ne motive, rien ne blesse. Andreas n’a qu’un but : quitter cet endroit à tout prix.
« Nouvelle Donne » (2006), de Joachim Trier, avec Anders Danielsen Lie, Espen Klouman-Høiner, Viktoria Winge, Odd Magnus Williamson, Pål Stokka
Synopsis : Deux amis, écrivains en herbe, confrontés aux succès et aux échecs, s’interrogent sur leur place sur terre.
« Cold Prey » (2006), de Roar Uthaug, avec Viktoria Winge, Tomas Alf Larsen, Rolf Kristian Larsen, Ingrid Bolsø Berdal, Hallvard Holmen
Synopsis : Un groupe de cinq amis se retrouve isolé dans la montagne norvégienne. Suite à un accident, ils se réfugient dans un hôtel abandonné. Bientôt, les cinq jeunes adultes découvrent que le lieu n’est pas si désert que ça…
« Autant en emporte la femme » (2007), de Peter Næss, avec Trond Fausa Aurvåg, Marian Saastad Ottesen, Peter Stormare, Ingar Helge Gimle, Henrik Mestad
Synopsis : Un homme est peu à peu envahi par une femme qui s’est mise en tête de tout changer dans sa vie. Perdant de plus en plus pied, il va essayer d’appliquer les conseils de ses amis nageurs pour reprendre le contrôle de sa vie. Bien sûr, rien ne va fonctionner comme il l’avait prévu.
Références =
Wikipédia
Cinéma muet norvégien - Petter Stensby ; Gunnar Iversen ; Anne-Marie Mystad
1895, revue d’histoire du cinéma.