PIERRE FRESNAY
BIOGRAPHIE
Jeunesse et débuts
Fils de Jean Henri Laudenbach (né en 18552), professeur de philosophie, et de Désirée Claire Dietz (1870-1960), Pierre Fresnay monte sur scène pour la première fois à quatorze ans. Grâce à son oncle maternel Claude Garry, ex-pensionnaire de la Comédie-Française et acteur en vogue de l’époque, il joue un petit rôle dans « L’Aigrette », au Théâtre Réjane. C’est à cette occasion qu’il choisit son premier nom de scène, Pierre Vernet.
Claude Garry
En 1914, il fait son entrée au Conservatoire national de musique et de déclamation, dans la classe de Paul Mounet et de Georges Berr. Un an plus tard, il est engagé à la Comédie-Française. Dès 1915, il décroche un premier grand rôle au théâtre dans « Le Jeu de l’amour et du hasard ». La même année, il débute au cinéma muet avec « France d’abord », d’Henri Pouctal.
Carrière
Il reprend ce rôle dans « Fanny » (1932) et « César » (1936).
En 1934, il joue Armand Duval au côté d’Yvonne Printemps, qui est sa compagne, dans « La Dame aux camélias », de Fernand Rivers. Sa diction incisive lui confère des rôles d’hommes de commandement : officier dans « La Grande Illusion » (1937) de Jean Renoir
et « Alerte en Méditerranée » de Joannon, en inspecteur dans deux adaptations des romans de Stanislas-André Steeman, « Le Dernier des six » (1941) et « L’assassin habite au 21 » (1942), en marquis dans « Les Aristocrates » (1955).
Il interprète aussi des journalistes (« La Bataille silencieuse » de Pierre Billon, en 1934 et « Le journal tombe à cinq heures », de Georges Lacombe, en 1942),
un bagnard dans « Chéri-Bibi » ,
un homme d’église dans « Dieu a besoin des hommes » (1949) et « Le Défroqué » (1954) et dans « Il est minuit, Docteur Schweitzer » (1952)
et même en saint Vincent de Paul dans « Monsieur Vincent » (1947).
À la fin de sa carrière cinématographique, il passe au registre comique, dans « Les Affreux » (1959) et dans « Les Vieux de la vieille » (1960).
En quarante ans sur les plateaux de tournage, il joue sous la houlette de grands réalisateurs de l’époque, de Maurice Tourneur et Abel Gance à Jeff Musso, en passant par Marc Allégret et Alfred Hitchcock (dans la première version de « L’Homme qui en savait trop »), et Henri-Georges Clouzot. Outre son rôle de Marius dans la trilogie marseillaise, ses compositions dans La Grande Illusion, où il incarne Boëldieu, un aristocrate fier et nostalgique, et dans Le Corbeau, sont restées dans les mémoires.
En 1939, il passe à la réalisation avec « Le Duel », aux côtés d’Yvonne Printemps ; Le film ne sort qu’en 1941. Le couple Printemps-Fresnay apparaît à de nombreuses reprises à l’écran et triomphe dans l’adaptation de l’opérette d’Oscar Straus, « Trois valses » (L. Berger, Albert Willemetz, 1938). Sous l’État français, il prend la direction de la première sous-commission du COIC, instance de décision financière et de censure du cinéma au sein du Comité d’organisation.
À la Libération, les films qu’il avait tournés sous l’Occupation pour le compte de la firme allemande Continental films, dirigée par Alfred Greven, et sa décoration de la Francisque lui valent un séjour de six semaines au Dépôt, jusqu’à ce qu’il soit blanchi pour absence de preuves.
George Adam écrit alors dans Les Lettres Françaises du 2 juin 1945 : « M. Pierre Fresnay n’étant pas sur la paille, puisqu’il a gagné pas mal d’argent sous l’occupation, pouvait vivre à la campagne ; il serait peut-être parvenu ainsi à faire oublier que cet argent a été gagné par une collaboration active avec la Continentale, société de films purement boche. »
En 1950, il adhère à l’Association des amis de Robert Brasillach. Campant après-guerre des personnages sérieux, voire édifiants, dans des films de portée secondaire, il abandonne le cinéma au début des années 1960, pour se consacrer exclusivement au théâtre, qu’il n’a jamais vraiment abandonné. Sociétaire de la Comédie-Française qu’il avait quittée avec fracas en 1927, il s’illustre sur les planches notamment dans « Un miracle », « La Chienne aux yeux de femme », Cyrano de Bergerac, Marius, « Bloomfield », « Cette vieille canaille », Jean III, L’Hermine, L’Idée fixe, Visitation. À la télévision, il interprète notamment Tête d’horloge (1969) de Jean-Paul Sassy.
VIE PRIVE ET MORT
Pierre Fresnay se marie le 7 mai 1918 avec Rachel Berendt (Marie Monique Arkell), jeune condisciple au Conservatoire et comédienne de l’Odéon ; le couple divorce en 1920. Il se remarie le 20 avril 1929 avec Berthe Bovy, comédienne d’origine belge (née en 1887 à Liège) de dix ans son aînée ; le couple se sépare la même année, leur divorce n’aurait été prononcé qu’en 1932. Il devient ensuite le compagnon d’Yvonne Printemps, de 1932 à sa mort le 9 janvier 1975. Ils sont enterrés ensemble au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
En décembre 1974, Pierre Fresnay est victime d’une crise cardiaque qui le plonge dans le coma. Il meurt des suites de problèmes respiratoires à l’âge de 77 ans, le 9 janvier 19754 à Neuilly-sur-Seine et est inhumé au cimetière municipal de la ville.
FILMOGRAPHIE
Cinéma _ Acteur
1915 : « France d’abord » d’Henri Pouctal
1915 : « Quand même » d’Henri Pouctal
1920 : « L’Essor » de Charles Burguet, ciné-roman tourné en 10 épisodes
1922 : « Les Mystères de Paris » de Charles Burguet, ciné-roman tourné en 12 épisodes (12 070 m) -
1922 : « Le Diamant noir » d’André Hugon, tourné en deux époques - Le Calvaire d’une innocente (1 550 m) et L’Amour rédempteur (1 720 m) : Bouvier
1922 : « La Baillonnée » de Charles Burguet, ciné-roman tourné en 7 épisodes
1922 : « Les Premières Armes de Rocambole » de Charles Maudru (2 080 m) : Jean Robert, le fils répudié du comte
1922 : « Molière sa vie, son œuvre » de Jacques de Féraudy
1922 : « Le Petit Jacques » de Georges Raulet et Georges Lannes,
1923 : « La Mendiante » de Saint-Sulpice de Charles Burguet,
1929 :« La Vierge folle » de Luitz-Morat : Gaston de Charance, le frère de Diane
1930 : « Ça aussi c’est Paris » d’Antoine Mourre
1931 : « Marius » d’Alexander Korda : Marius Ollivier, le fils de César
1932 : « Fanny » de Marc Allégret : Marius Ollivier, le fils de César
1933 : « Âme de clown » de Marc Didier : Jack, le partenaire de Teddy
1934 : « La Dame aux camélias » de Fernand Rivers et Abel Gance : Armand Duval
1934 : « L’Homme qui en savait trop » d’Alfred Hitchcock : Louis Bernard
1935 : « Kœnigsmark » de Maurice Tourneur : Raoul Vignerte, professeur de français
1935 : « Le Roman d’un jeune homme pauvre » d’Abel Gance : Maxime Hauterive de Champcey
1936 : « César » de Marcel Pagnol : Marius Ollivier, le fils de César
1936 : « Sous les yeux d’Occident » de Marc Allégret : Razumov, le brillant étudiant
1937 : « Chéri-Bibi » de Léon Mathot : Francis, dit Chéri-Bibi, forçat évadé
1937 : « La Bataille silencieuse » de Pierre Billon : Bordier
1937 : « Salonique, nid d’espions ou Mademoiselle docteur » de Georg Wilhelm Pabst : le capitaine Georges Carrère
1937 : « La Grande Illusion » de Jean Renoir : le capitaine de Boeldieu, officier de carrière
1938 : « Trois valses » de Ludwig Berger : Octave, Philippe et Gérard de Chalencey
1938 : « Le Puritain » de Jeff Musso : le commissaire Lavan
1938 : « Alerte en Méditerranée » de Léo Joannon : le commandant Lestailleur
1938 : « Adrienne Lecouvreur » de Marcel L’Herbier : le maréchal Maurice de Saxe
1939 : « Le Duel » de Pierre Fresnay : le père Daniel Maurey
1939 : « La Charrette fantôme » de Julien Duvivier : David Holm, un souffleur de verre
1941 :« Le Dernier des six, » de Georges Lacombe : le commissaire Wenceslas Vorobeïtchik, dit « Wens »
1941 : « Le Briseur de chaînes » de Jacques Daniel-Norman : Marcus, le briseur de chaînes du cirque
— 1942 : « Les Inconnus dans la maison » d’Henri Decoin : Le commentateur du film
1942 : « Le journal tombe à cinq heures » de Georges Lacombe : Pierre Rabaud, le reporter chevronné
1942 : « L’assassin habite au 21 » d’Henri-Georges Clouzot : Le commissaire Wenceslas Vorobeïtchik, dit « Wens »
1943 : « La Main du diable » de Maurice Tourneur : Roland Brissot, artiste peintre
1943 : L’Escalier sans fin de Georges Lacombe : Pierre, chef palefrenier
1943 : « Le Corbeau » d’Henri-Georges Clouzot : le docteur Rémy Germain
1943 : « Je suis avec toi » d’Henri Decoin : François
1944 : « Le Voyageur sans bagage » de Jean Anouilh : Gaston, l’amnésique
1946 : « La Fille du diable » d’Henri Decoin : Saget, l’usurpateur recherché
1946 : « Le Visiteur » de Jean Dréville : Maître Sauval, bienfaiteur mais ancien escroc
1947 : « Monsieur Vincent » de Maurice Cloche : Vincent de Paul, curé de Chatillon puis aumônier
1948 : « Les Condamnés » de Georges Lacombe : le docteur Jean Séverac, le mari d’Hélène
1949 : « Barry » de Richard Pottier : Théotime, le moine soupirant
1949 : « Vient de paraître » de Jacques Houssin : Moscat, le patron du journal
1949 : « Au grand balcon » d’Henri Decoin : Gilbert Carbot, directeur d’une compagnie d’aviation
1950 : « La Valse de Paris » Marcel Achard : Jacques Offenbach, compositeur
1950 : « Justice est faite » d’André Cayatte : le commentateur dans la partie finale du film
1950 : « Dieu a besoin des hommes » de Jean Delannoy : Thomas Gourvennec, le pêcheur sacristain
1950 : « Ce siècle a cinquante ans » de Denise Tual : P. Fresnay assure le commentaire du film
1951 : « Monsieur Fabre » d’Henri Diamant-Berger : Jean-Henri Fabre, entomologiste
1951 : « Le Voyage en Amérique » d’Henri Lavorel : Gaston Fournier
1951 : « Un grand patron » d’Yves Ciampi : le professeur Louis Delage, chirurgien
1952 : « Il est minuit, Docteur Schweitzer » d’André Haguet : le docteur Albert Schweitzer
1953 : « La Route Napoléon » de Jean Delannoy : Édouard Martel, roi de la publicité
1954 : « Le Défroqué » de Léo Joannon : Maurice Morand, prêtre défroqué
1955 : « Les Évadés » de Jean-Paul Le Chanois : Le lieutenant Pierre Keller
1955 : « Les Aristocrates » de Denys de La Patellière : le marquis de Maubrun
1955 : « Si tous les gars du monde » de Christian-Jaque : P. Fresnay assure le commentaire
1956 : « L’Homme aux clefs d’or » de Léo Joannon : Antoine Fournier, ancien professeur, devenu homme aux clés d’or, concierge d’hôtel
1956 : « Notre-Dame de Paris » de Jean Delannoy : P. Fresnay assure le commentaire d’introduction
1957 : L« es Fanatiques » d’Alex Joffé : Luis Vargas
1957 : « Les Œufs de l’autruche » de Denys de La Patellière : Hippolyte Barjus
1958 : « Et ta sœur » de Maurice Delbez : Bastien du Bocage, gérant d’un grand journal
1958 : « Tant d’amour perdu » de Léo Joannon : Joseph Andrieu, industriel breton
1959 : « Les Affreux » de Marc Allégret : César Dandieux, caissier méticuleux
1960 : « Les Vieux de la vieille » de Gilles Grangier : Baptiste Talon, cheminot en retraite
1960 : « La Millième Fenêtre » de Robert Ménégoz : Armand Vallin, le vieux accroché à sa bicoque
Cinéma _ Réalisateur
1939 : « Le Duel »
Acteur _ Courts métrages et documentaires
1929 : « Ça aussi !... c’est Paris », court métrage d’Antoine Mourre
1949 : « Combourg, visage de pierre, » documentaire de Jacques de Casembroot : P. Fresnay assure le commentaire
1949 : « Les Gisants », documentaire de Jean-François Noël : P. Fresnay assure le commentaire
1951 : « Vézelay, » documentaire de Pierre Zimmer : P. Fresnay assure le commentaire
1953 : « Étoiles au soleil », court métrage de Jacques Guillon : lui-même
1954 : « Le pèlerin de la Beauce », documentaire de Claude Chuteau : P. Fresnay assure le commentaire
1958 : « Rhône, fleuve perdu », documentaire de Pierre Jallaud : P. Fresnay assure le commentaire
1959 : « Sont morts les bâtisseurs », court métrage documentaire d’Édouard Berne : P. Fresnay assure le commentaire
1961 : « Le Grand Secret », documentaire de Gérard Calderon : P. Fresnay assure le commentaire
1963 : « Malmaison », documentaire de Jacques de Casembroot : P. Fresnay assure le commentaire
1965 : « Dieu a choisi Paris, » documentaire de Gilbert Prouteau et Philippe Arthuys : P. Fresnay prête sa voix dans le film
1966 : « La Vallée aux loups », documentaire de Jacques de Casembroot : P. Fresnay assure le commentaire
1966 : « Ecce homo », documentaire d’Alain Saury : P. Fresnay assure le commentaire
1968 : « Souvenance », documentaire de Jacques de Casembroot : P. Fresnay assure le commentaire
1969 : « Le Courage d’aimer », documentaire d’Emmanuel Renard : P. Fresnay assure le commentaire
Acteur _ Télévision
1968 : « Le Neveu de Rameau » de René Lucot, sur un texte de Diderot : Rameau (il assure également l’adaptation)
1969 : « L’Idée fixe » de Jeannette Hubert d’après la pièce de Pierre Franck et Pierre Fresnay, d’après Paul Valéry
1970 : « Mon Faust » de Daniel Goergeot, d’après la pièce de Paul Valéry : Faust
1970 : « Tête d’horloge » de Jean-Paul Sassy : Le vieux professeur
1971 : « Père de Jeannette Huber »t, d’après la pièce d’Édouard Bourdet : Le Père
1973 : « Les Écrivains » (du roman de Michel de Saint Pierre), téléfilm de Robert Guez : Alexandre Damville, le père écrivain
1973 : « Le Jardinier » de Antoine-Léonard Maestrati : Le jardinier