BIOGRAPHIE
Issue d’une famille modeste vivant dans un village près de Romorantin, en Sologne, elle fera du nom de cette région son nom de scène. Elle quitte La Ferté-Imbault à la mort de sa mère, puis se place à 16 ans comme apprentie chez Caroline Reboux, célèbre enseigne de création de chapeaux à la mode, à Paris. Elle ouvre ensuite son propre magasin de modiste.
Caroline Reboux
En 1936, elle épouse Alain Douarinou, caméraman. Elle devient parallèlement modèle pour le peintre Mojzesz Kisling, qui l’incite à prendre des cours de théâtre. C’est ce qu’elle fera, auprès de Julien Bertheau et de Jacques Baumer.
Sa première expérience théâtrale est dans « Boccace, conte 19 », de Julien Luchaire. La pièce remporte un vif succès, Madeleine choisit le pseudonyme de Sologne. Le cinéma est séduit par cette séduisante créature éclatante de santé et de joie de vivre. Elle fait ses débuts au cinéma, décrochant un petit rôle dans « Boccace, conte 19 » de Jean Renoir, en 1936.
Les premières prestations cinématographiques de Madeleine Sologne sont modestes. On lui propose parmi ses 1ères apparitions dans "Les Filles Du Rhône" (1937), "Remontons Les Champs-Élysées" (1938) de Sacha Guitry,
"Adrienne Lecouvreur" (1938) ou encore « "Conflit" » (1938) avec Corinne Luchaire. Sa chevelure brune lui vaut essentiellement des rôles de gitanes, notamment dans « Les Gens du voyage », de Jacques Feyder.
« Les Gens du voyage »
En 1939, elle accède au statut de vedette aux côtés d’Erich von Stroheim et de Robert Le Vigan dans « Le Monde tremblera ». La guerre l’oblige à rejoindre la zone libre et sur la Côte-d’Azur ; elle y tourne 3 films : "Le Danube Bleu" (1939), "Raphaël Le Tatoué" (1939) avec Fernandel et "Le Père Lebonnard" (1939).
« Le Monde tremblera »
Avant de revenir à la capitale, elle s’affirme dans dans « Fièvres » de Jean Delannoy, (1942) qui devient un des plus grands succès commercial de cette année-là. Elle y joue une épouse vouée à l’infidélité du chanteur Tino Rossi, et ceux jusqu’à sa mort.
Son talent dramatique lui permet de donner vie à une énergique femme de colon dans "L’Appel Du Bled" (1942) avec Raymond Aimos et parallèlement incarne avec humour une exploratrice de l’espace dans "Croisières Sidérales" (1942).
La consécration vient avec « L’Éternel Retour », écrit par Jean Cocteau en 1943 et réalisé par Jean Delannoy. Aux côtés d’un Jean Marais débutant, Madeleine Sologne y incarne Nathalie, nouvelle Iseult à la longue chevelure blonde (elle s’est teinte pour l’occasion). Le couple, qui symbolise la jeunesse sous le joug de l’occupation, devient mythique aux yeux de toute une génération. Les jeunes filles se coiffent désormais « à la Madeleine Sologne », avec une longue mèche tombante. Jean Delannoy avait un instant pensé à Michèle Morgan pour tenir le rôle d’Iseult. Mais cette dernière étant retenue à Hollywood pour un tournage, il choisit Madeleine Sologne, sous réserve qu’elle change la coloration de ses cheveux.
La notoriété s’ensuit, mais « paradoxalement » ce rôle considérable sera son chant du cygne. En 1944, elle change de ton avec "Vautrin" avec Michel Simon puis s’essaie à la comédie à la mode Hollywoodienne. Cependant, "Mademoiselle X" (1945) et "Marie La Misère" (1945) ne sont pas des succès. Après quelques rôles de femmes torturées ou amoindries (une folle dans « Un ami viendra ce soir », 1946, de Raymond Bernard ; une aveugle dans « La foire aux chimères », de Pierre Chenal), la comédienne décide de quitter les écrans en 1948 et se tourne vers le théâtre.
"Vautrin"
« Les naufrageurs » (1958) de Charles Brabant et « Le Temps des loups » (1969) de Sergio Gobbi.lui donnent un temps l’occasion de reparaître sous les feux des projecteurs.
On la voit encore au théâtre, notamment dans « La Forêt pétrifiée » de Robert Emmet Sherwood, puis dans « Aux quatre coins » de Jean Marsan et dans « L’Homme traqué » de Francis Carco.
En 1972 et 1975, elle fera de brèves apparitions à la télévisions.
Madeleine Sologne tombe dans l’oubli et décède dans une maison de santé de Vierzon, le 31 mars 1995.
EPITAPHE
Madeleine Sologne était belle, très belle, mais elle n’était pas une beauté classique, une beauté plastique. Elle avait une beauté fatale dans le sens premier du mot fatalité. Le visage émacié les lèvres comme la cicatrice d’un poignard, les narines pincées et des yeux de nuit sur l’océan. Madeleine Sologne qui n’avait que l’ambition d’une petite chapelière devient le reflet, le miroir de son époque, la plus troublée de toutes, celle de la guerre, du nazisme, de l’occupation de l’absence, de la déportation de la mort.
Madeleine symbolisa toutes les peurs, les errances, les incertitudes de son temps. Elle ne pouvait jouer que les âmes perdues les filles errantes, les folles, les amnésiques, les mourantes et les désespérées. Madeleine fut celle qui ne prit jamais son destin en mains dans aucun film. Jean Cocteau offrit à son image la quintessence de son art en faisant d’elle la Nathalie de l’Eternel Retour. Un seul film, un seul rôle qui fit d’elle à jamais une des très grandes figures du cinéma français.
FILMOGRAPHIE
Cinéma
1936 : « La vie est à nous » réalisation collective (8 réalisateurs) dont Jean Renoir
1936 : « Pantins d’amour » de Walter Kapps
1936 : « Une femme par intérim » d’André Hugon - court métrage -
1937 : Le Réserviste improvisé d’André Hugon - court métrage -
1937 : « Les Filles du Rhône » de Jean-Paul Paulin
1937 : « Franco de port » de Dimitri Kirsanoff : Une prostituée
1937 : Forfaiture de Marcel L’Herbier
1937 : Records 37 de Jacques B. Brunius et Jean Tarride (court métrage)
1938 : Le Temps des cerises de Jean-Paul Le Chanois
1938 : La Plus Belle Fille du monde de Dimitri Kirsanoff
1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L’Herbier : Flora
1938 : Les Gens du voyage de Jacques Feyder – Non créditée au générique
1938 : Remontons les Champs-Elysées de Sacha Guitry
1938 : Conflit de Léonide Moguy
1939 : Le monde tremblera ou La Révolte des vivants de Richard Pottier
1939 : Le Danube bleu de Emil-Edwin Reinert et Alfred Rode
1939 : Raphaël le tatoué de Christian-Jaque
1939 : Le Père Lebonnard de Jean de Limur
1939 : Les Compagnons de Saint-Hubert de Jean Georgesco - court métrage -
1941 : Départ à zéro de Maurice Cloche
1941 : Nous les jeunes de Maurice Cloche - court métrage -
1942 : « Fièvres » de Jean Delannoy
1942 : Croisières sidérales d’André Zwoboda : Françoise Monier
1942 : Les Hommes sans peur d’Yvan Noé
1942 : L’Appel du bled de Maurice Gleize
1943 : « Le Loup des Malveneur » de Guillaume Radot
1943 : L’Éternel Retour de Jean Delannoy
1943 : Vautrin de Pierre Billon d’après Honoré de Balzac, dans le rôle d’Esther Gobseck
1945 : Mademoiselle X de Pierre Billon
1945 : Marie la Misère de Jacques de Baroncelli
1946 : Un ami viendra ce soir de Raymond Bernard
1946 : La Femme fatale de Jean Boyer
1946 : La Foire aux chimères de Pierre Chenal
1948 : Une grande fille toute simple de Jacques Manuel
1948 : « Le Dessous des cartes » d’André Cayatte
1948 : La Figure de proue de Christian Stengel
1951 : Le Bouquet de la Saint-Jean - Film resté inachevé -
1959 : Les Naufrageurs de Charles Brabant
1960 : Il suffit d’aimer de Robert Darène
1969 : Le Temps des loups de Sergio Gobbi
Télévision
1965 : Le Naïf amoureux téléfilm ou feuilleton télévisé de Philippe Ducrest
1969 : Salomé de Pierre Koralnik : Hérodias
1972 : L’Inconnue du vol 141 feuilleton télévisé de Louis Grospierre
1976 : L’Ortie téléfilm de Roger Kahane scénario Paul Savatier
Théâtre
1934 : Boccace, conte 19 de Julien Luchaire, Théâtre des Ambassadeurs
1953 : Mademoiselle Antoinette de Jean Guitton, Théâtre des Célestins
1954 : L’Homme traqué de Frédéric Dard, mise en scène Robert Hossein, Théâtre du Casino municipal Nice, Théâtre des Noctambules
1959 : La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, mise en scène Jean Marchat, Festival de Bellac
1959 : Hamlet de William Shakespeare, mise en scène Jean Darnel, Arènes de Saintes
1961 : Hamlet de William Shakespeare, mise en scène Jean Darnel, Festival d’Art dramatique de Saint-Malo
1961 : Œdipe ou Le Silence des dieux de Jean-Jacques Kihm, mise en scène Delfor Peralta, Arènes de Cimiez
1962 : Œdipe ou Le Silence des dieux de Jean-Jacques Kihm, mise en scène Delfor Peralta, Comédie de Paris
1962 : Marie Tudor de Victor Hugo, mise en scène Henri Lazarini, Festival de la Haute Auvergne
1966 : La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, mise en scène Jean Darnel, Théâtre de la Nature Saint-Jean-de-Luz
1968 : La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, mise en scène Jean Darnel, Théâtre antique d’Arles
1969 : Œdipe roi de Jean Cocteau, avec Jean Marais, mise en scène de Jean Marais, musique de Maurice Thiriet. Théâtre de l’Alliance Française.