Mort de l’acteur Roger Carel

  • Mis à jour : 18 septembre 2020

L’acteur de théâtre et de cinéma a été un des grands du doublage en France. Il a été la voix d’« Astérix », du droïde C-3PO de « Star Wars » ou du serpent Kaa du « Livre de la jungle »… Il est mort le 11 septembre, à l’âge de 93 ans.

De son vrai nom Roger Bancharel, Roger Carel est né le 14 août 1927 à Paris. Son enfance est marquée par ses années de pension passées dans le sévère collège Saint-Nicolas, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), où les élèves ne sont autorisés à parler que pendant la récréation. Roger Carel y trouve déjà l’occasion de développer son talent comique. En imitant la voix de ses professeurs, il provoque l’hilarité de ses camarades. Malgré son côté amuseur, il se découvre, après ces années d’éducation religieuse, une vocation pour la prêtrise, au point d’entrer au petit séminaire, avant de changer d’avis. Pour faire plaisir à son père, employé à la CMP, ancêtre de la RATP, il s’inscrit alors à l’Ecole centrale d’électricité, mais n’y passe finalement que quelques mois ; l’envie de jouer le tenaille.

  • Aidé par sa tante Jeanne, Roger Carel fait la rencontre de Jean Marchat, codirecteur du théâtre parisien des Mathurins. Sur les conseils de celui-ci, il s’inscrit au cours d’art dramatique d’Andrée Bauer-Thérond, où il côtoie Michel Piccoli, Anouk Aimée, Françoise Arnoul, puis au cours Simon jusqu’en 1949. Il débute sur les planches dans « La Dame aux camélias », en 1950, puis dans Les « Femmes savantes, » avec la compagnie Noël Vincent. Roger Carel participe ensuite à la tournée de la pièce « Le Petit Café en Afrique du Nord » aux côtés d’Albert Préjean. A son retour, il intègre la compagnie Grenier-Hussenot, avec laquelle il enchaîne les pièces pendant sept ans.

Du théâtre au grand et petit écran

Dès 1952, les premiers contrats au cinéma se multiplient. Il apparaît dans « Le Vieil Homme et l’Enfant » (1967), de Claude Berri, « Elle cause plus… elle flingue » (1972), de Michel Audiard, « Papy fait de la résistance » (1983), de Jean-Marie Poiré. Il ne s’arrête jamais de jouer. « En une journée, on passait d’un studio d’enregistrement à un plateau de cinéma ou de télé. Le soir, on était au cabaret ou au théâtre. » En 1959, il participe à près de 1 000 représentations de « Gog et Magog » au Théâtre de la Michodière, à Paris, aux côtés de François Périer et Jacqueline Maillan. A la télévision, il incarne notamment le commissaire Guerchard dans la série « Arsène Lupin », diffusée au début des années 1970.

Roger Carel refuse d’entrer à la Comédie-Française à deux reprises, sous les administrations de Pierre Descaves puis de Maurice Escande. « La stabilité, une trop forte sécurité entraînant la monotonie, même en cas d’alternance, ne convenaient pas à mon tempérament », reconnaît-il dans son autobiographie, J’avoue que j’ai bien ri

Ses débuts dans le doublage

C’est par hasard que Roger Carel fait ses débuts dans le doublage. En 1954, après une représentation de la pièce de Robert Hossein « Responsabilité limitée », au Théâtre Fontaine, un spectateur l’aborde. Sa voix correspondant à celle d’un personnage interprété par Peter Lorre. Il lui propose de doubler l’acteur dans la comédie musicale « La Belle de Moscou » (1958), de Rouben Mamoulian. « Etre doubleur, c’est le contraire du métier d’acteur. Vous devez oublier ce que vous savez faire. Il n’est pas question, comme au théâtre ou au cinéma, de mettre un rôle à votre mesure. Vous devez reproduire honnêtement le travail d’un autre. J’ai toujours pris cela comme un jeu », déclare la voix française de Benny Hill et d’Hercule Poirot.

Grâce à cette voix espiègle et modifiable à l’envi, capable de prendre tous les accents, il est approché par Disney et devient indissociable d’une quarantaine de personnages de dessins animés, tels que le serpent Kaa du « Livre de la jungle ». Dans« Winnie l’ourson », il réussit le tour de force d’interpréter à la fois le célèbre petit ours mais également Coco Lapin et Porcinet. Alf dans la série télévisée éponyme, Kermitt la grenouille du « Muppet Show », Fred Pierrafeu, Maestro dans les séries d’Il était une fois…, ou bien encore le droïde C-3PO de la saga Star Wars sont autant de personnages auxquels Roger Carel prête sa voix.

A partir de 1967, il est la voix d’Astérix dans les adaptations animées. « C’est Goscinny qui m’a guidé vers la voix de ce petit Français emmerdeur, qui discute et qui conteste. Il le souhaitait charmant… mais susceptible ! » En 2013, il annonce qu’il incarne Astérix pour la dernière fois dans Le Domaine des dieux. « J’ai eu un métier merveilleux, j’ai eu la chance de beaucoup jouer. Théâtre, télévision, doublage. Et quand on a le bonheur, on vieillit moins vite, mais on vieillit… »

Article du Monde par Stéphanie Pierre_ Publié le 18/09/20 à 12h06.