Le Triomphe d’Hercule (titre ogirinal : Il trionfo di Ercole) est un film franco-italien réalisé par Alberto De Martino sorti en 1964.
Fiche Technique
Titre original : « Il trionfo di Ercole »
Réalisation : Alberto De Martino
Scénario : Alberto De Martino et Roberto Gianviti
Directeur de la photographie : Pier Ludovico Pavoni
Musique : Francesco De Masi
Costumes : Nadia Vitali
Décors : Pier Vittorio Marchi
Production : Alberto Chemin et Vico Pavoni
Pays : Italie | France
Langue : italien
Durée : 76 minutes
Date de sortie : 30 juin 1964
Synopsis =
Le bon roi des Mycènes est assassiné par son propre neveu qui convoite le pouvoir. Par la suite, Eurysthée récupère le maquis et avertit Hercule des événements qui ensanglantent son pays Pour pouvoir régner, le neveu du défunt roi fait épouser sa cousine Ate à l’un de ses complices, et compte ainsi régner sur le pays à travers son homme de paille...
Distribution =
Dan Vadis (VF : Denis Savignat) : Hercule
Marilù Tolo (VF : Joëlle Janin) : Princesse Ate (Ati en VF)
Pierre Cressoy (VF : Jacques Harden) : Prince Milo
Moira Orfei (VF : Nadine Alari) : Pasiphaé
Piero Lulli (VF : Jacques Beauchey) : Eurysthée
Enzo Fiermonte : Reto (Rito en VF)
Renato Rossini (VF : Marc de Georgi) : Gordio
Jacques Stany (VF : Jean Lagache) : Erione
Nazzareno Zamperla : Edéo
Aldo Ceccioni (VF : Marcel Painvin) : Tro
Nino Marchetti (VF : Richard Francœur) : le bourgeois délesté
Critique
Cf. Ciné Dweller _ Critique de Virgile Dumez
Pur film de fantasy, Le triomphe d’Hercule est un péplum kitsch et bis qui offre toutefois de bons moments pour peu qu’on laisse de côté ses connaissances historiques. Foncièrement sympathique.
L’année 1964 constitue l’apogée du genre du péplum italien, du moins en termes quantitatifs, tandis que la qualité ne cesse de décliner avec le temps. Initié par l’énorme succès rencontré par « Les travaux d’Hercule » (Francisci, 1958), le genre n’a eu de cesse de malmener l’histoire et la mythologie en mettant en valeur les exploits de gros bras au cœur d’intrigues hautement fantaisistes. Le cinéaste Alberto De Martino n’est d’ailleurs plus un novice en la matière, lui qui a déjà tourné « Le gladiateur invincible » (1961), « Persée l’invincible » (1962) et « La révolte de Sparte » (1964) lorsqu’il aborde pour l’unique fois de sa carrière le personnage d’Hercule.
Il est tout d’abord important de préciser que le film appartient à la catégorie des péplums mythologiques qui font donc intervenir des éléments fantastiques au cœur de leurs intrigues. Ici, les auteurs ne cherchent aucunement à décrire un quelconque épisode historique, mais optent pour une fantaisie destinée à distraire le grand public. Les férus d’histoire pourront ainsi s’étonner du nombre impressionnant d’erreurs chronologiques manifestes. Ainsi, l’intrigue est située durant la période mycénienne qui est préhellénique. Il s’agit donc d’une époque très ancienne affiliée à l’histoire grecque. Pourtant, cela ne semble pas avoir effleuré les auteurs du script puisque le demi-dieu qui sert de héros est ici dénommé Hercule.
Visiblement peu versés dans l’exactitude historique, les dialoguistes usent alternativement des noms de Jupiter (version romaine) et de Zeus (version grecque) pour désigner le père d’Hercule. Pire, le spectateur assiste à de nombreux jeux du cirque où des gladiateurs se battent dans des arènes comme au glorieux temps de la Rome impériale, soit environ 1200 ans plus tard. Ces erreurs historiques béantes ne sont finalement pas si graves, à partir du moment où l’on accepte la fantaisie d’une intrigue où l’on croise également une sorcière et surtout des colosses dorés à l’or fin appelés « Centimains ».
Pur film de fantasy, Le triomphe d’Hercule suit essentiellement les pas d’un Mario Bava (« Hercule contre les vampires », 1961) et doit donc être jugé à l’aune de ses intentions. Il s’agissait ici de divertir à peu de frais le spectateur en lui proposant des situations merveilleuses et rocambolesques. Et dans ce sens, le film est loin d’être désagréable puisque la projection passe relativement vite. L’action y est assez soutenue, les images sont plutôt soignées et les décors corrects malgré d’évidentes contraintes budgétaires.
Du kitsch et une pincée de sadisme pour un résultat délicieusement bis
Si les fameux colosses dorés ressemblent surtout à des catcheurs déguisés – on pense d’ailleurs beaucoup aux films mexicains avec Santo – le décor de la grotte où vit la sorcière est plutôt réussi et offre quelques bons moments de dépaysement. On apprécie également beaucoup le passage assez sadique où Hercule doit prouver sa force en évitant à l’héroïne d’être transpercée par une machine infernale qui ressemble à une vierge de fer. Tout ceci relève bien évidemment d’un cinéma ouvertement kitsch qui distille toutefois un certain charme bis.
Au niveau de l’interprétation, le pauvre Dan Vadis tente tant bien que mal de jouer la comédie, mais il succombe un peu trop souvent au démon du regard-caméra. Sa musculature, elle, est vraiment impressionnante et anticipe celle des gros bras bodybuildés des années 80 (assez proche de celle d’un Schwarzenegger). Au vu de son physique, on sera moins étonné de la dépendance du comédien envers certaines substances qui le mèneront malheureusement à une overdose en 1987 à seulement 49 ans.
Pierre Cressoy sauve les meubles en méchant savoureux
Sans doute conscient de la faiblesse de son acteur principal, Alberto De Martino a essayé de compenser en offrant le rôle du méchant de service au Français Pierre Cressoy. Dans le rôle du régicide Milo, l’acteur fait des merveilles et livre une prestation en tout point honorable. Il est pour beaucoup dans le plaisir éprouvé devant cette petite bande bien sympathique. On appréciera également le jeu toujours juste de Piero Lulli, ainsi que la plastique chatoyante de la belle Marilù Tolo.
Certes, Le triomphe d’Hercule est loin d’être un grand film, mais il a le mérite de parvenir à son but : divertir sans se prendre la tête et offrir quelques jolies séquences délirantes, typiques d’un certain cinéma bis italien. C’est déjà ça.