Le cinéma du Qatar

  • Mis à jour : 30 mai 2022

Le cinéma au Qatar commence à exister, dans les salles et au festival...

Le Qatar investit également beaucoup dans la culture en général – la salle de cinéma numérique du Royal Monceau à Paris, par exemple – et en particulier dans les arts plastiques arabes : peinture, sculpture, photographie… Son premier musée d’art moderne et contemporain, le Mathaf, ouvre ses portes en décembre 2010. Il existe également, à Doha, un musée des Arts Islamiques, construit sur la baie, selon une architecture moderne ; il rassemble de nombreuses œuvres, poteries, etc. du monde arabe.

FILMS

De nombreux films ont été tournés au Qatar et produit par le Qatar, mais pour la plupart ils ont été réalisés par des non Qataris ou ne concernent pas le Qatar. En fait je n’en ai trouvé que quelques uns.

Lieux de tournage
Au Qatar, il est un lieu particulièrement inspirant pour le monde du cinéma : Film City. Implanté dans le désert de Brouq également appelé péninsule de Zekreet, le site se trouve à plus d’une heure de route de Doha, près de la côte. Il a été spécialement construit il y a 21 ans pour servir de décor à une série télévisée arabe "Eyaal Al Theeb". À proximité, on découvre une formation rocheuse en forme de champignon qui est aussi emblématique de ce feuilleton.

Les environs de Film City forment aujourd’hui une réserve pour animaux gérée par des spécialistes de l’environnement installés sur ce lieu de tournage qui continue d’attirer les réalisateurs.

La production : Le Qatar, de l’or noir au grand écran
Levier économique, facteur de rayonnement et de soft power, l’industrie du cinéma est au cœur d’enjeux multiples dont le Qatar cherche à se rendre maître.
Le Qatar, puissance médiatique phare au Moyen-Orient portée par la chaîne de télévision Al Jazeera, tente de se faire une place dans le milieu très concurrentiel du cinéma international.
En créant le Doha Film Institute (DFI) en 2010, l’Émirat tente d’intégrer le système de production et de distribution à la fois moyen-oriental et mondial. La stratégie à 360 degrés du DFI intègre tous les aspects de l’industrie et joue sur toutes les échelles, espérant ainsi bénéficier d’effets de synergie et d’enrichissements mutuels de ses différents secteurs d’activité.

Le Doha Film Institute finance d’abord des projets d’ampleur régionale et internationale, encourage les coproductions et incite aux tournages sur le territoire qatari. En cela il s’intègre à la compétition mondiale des territoires pour la production et le tournage. Bien plus, un film comme « Black Gold » (Annaud, 2011), cofinancé et en partie tourné au Qatar, prend pour sujet le Moyen-Orient, son histoire et sa géographie, et contribue par sa diffusion internationale au rayonnement cinématographique de la région.

L’émergence d’un pôle de production cinématographique moyen-oriental
La production cinématographique des pays arabes a longtemps été dominée par le cinéma égyptien (notamment autour des studios Misr), avec des cinéastes emblématiques tels que Tawfiq Saleh, Youssef Chahine, et plus récemment Yousri Nasrallah. Aujourd’hui, l’émergence de nouveaux acteurs (Maroc, Tunisie, Liban, Émirats…) et les transformations du secteur sous l’influence des révolutions arabes modifient assez largement la donne.
Dans ce cadre, Doha contribue désormais à la production cinématographique régionale et mondiale par son action de financement et co-financement de films. Le DFI Film Financing Program, créé en 2010, soutient à différentes stades de la production les projets de réalisateurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, quelle que soit leur nature (long métrage de fiction, documentaire, court-métrage, publicité…). Ses objectifs sont de « créer un modèle de financement de films crédible et durable, développer des opportunités de formation afin de renforcer les savoir-faire, et renforcer les opportunités de rencontres entre talents des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et la communauté internationale du cinéma ». Le programme soutient en moyenne chaque année 25 projets de films, sous forme de co-productions (dans des proportions allant de 30 à 50% du budget de chaque film) ou de bourses (les longs métrages de fictions peuvent recevoir jusqu’à 200 000 $, les documentaires jusqu’à 85 000 $).

La sélection de films soutenus chaque année montre la grande diversité d’origine des projets (Algérie, Tunisie, Liban, Iran…), illustrant la volonté du Qatar de soutenir l’émergence d’un cinéma arabe au sens large. Le fonds a ainsi soutenu en 2011 des films tels que « Where do we go now » (de Nadine Labaki, 2011, coproduction Liban-Qatar),« A Man of Honor » (de Jean-Claude Codsi, 2011, coproduction Liban-France-Qatar), ou encore le nouveau film du réalisateur égyptien Khaled El Hagar, « Lust, El Shooq », récompensé d’une Pyramide d’Or au Festival International du Film du Caire. En 2012, « The Reluctant Fundamentalist, » adapté du roman de Mohsin Hamid par la réalisatrice indienne Mira Nair, fait l’ouverture du Festival du Film de Venise ainsi que celle du Doha Tribeca Film Festival.

REALISATEURS ET REALISATRICES

« Je pense que tout le monde a été bluffé » par le fait que « nous avons plus de femmes faisant des films ici à Doha que d’hommes », affirme Fatma al-Remaihi, la directrice du festival et de l’Institut du film de Doha.

Aisha al-Shammakh, Nouf al-Sulaiti et l’étoile montante du cinéma qatari Amal al-Muftah étaient au rendez-vous avec des films sur divers sujets, allant de la génération des milléniums au Qatar aux relations père-fille.
Une étude chiffre à 60% la proportion de femmes parmi les cinéastes au Qatar, où l’industrie cinématographique est relativement récente. Un chiffre qui tourne autour de 25% dans les autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

L’importante présence des femmes dans la production cinématographie a influé sur la nature des sujets traités, comme dans le court métrage de Nouf al-Sulaiti, « Gubgub » (« Le crabe »). Racontant une pêche aux crabes, le film montre la détermination d’une fillette qui veut prouver qu’elle peut être aussi bonne que son frère plus âgé pour trouver les crustacés.

Amal al-Muftah (à gauche) sur le tournage de Sh’hab.

- Nadia Al-Khater

- Amal al-Muftah
Amal al-Muftah s’est fait connaître au Qatar en 2014 avec le film « Al-Himal » sur des portefaix sur un marché. Elle admet avoir eu du mal à convaincre sa famille de la laisser choisir une carrière artistique plutôt que scientifique. Mais aujourd’hui, elle a le sentiment qu’elle peut donner la parole à la « communauté des femmes de Doha ». « En tant que cinéastes femmes, nous avons accès à cette communauté et à tant d’histoires différentes », se réjouit-elle.

FESTIVAL

Le Doha Tribeca Film Festival (DTFF) est un festival du film annuel de cinq jours qui a été organisé de 2009 à 2012 pour promouvoir les films arabes et internationaux, et de développer une durable industrie du cinéma au Qatar.
Le festival était organisé par le Doha Film Institute (DFI), fondé par Sheikha Al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani qui a mis en œuvre, consolidé et supervisé les initiatives cinématographiques au Qatar. Le Festival a été lancé en 2009 grâce à un partenariat culturel entre le DFI et Tribeca Enterprises. Le Festival était dirigé par Abdulaziz bin Khalid Al-Khater, directeur exécutif de DFI. Le festival a attiré plus de 50 000 personnes en 2010.
Ce qui donne à ce festival un caractère inédit, c’est l’âge de ses jurés : ils ont entre 8 et 25 ans et ce sont eux qui désignent les meilleurs films.

L’AVENIR DU CINEMA QATARI

Industrie du film au Qatar : de jeunes cinéastes aux idées neuves
Pour la neuvième année consécutive, le Qatar a célébré le meilleur des films et documentaires locaux et régionaux lors du Festival du film Ajyal. En raison de la pandémie, l’événement est revenu à un format hybride avec rendez-vous en ligne et projections en présentiel, mais une fois encore, la programmation qui comportait 85 productions venant de 44 pays a délivré du contenu qui repousse les limites.

Coup de projecteur sur les jeunes talents
Des cinéastes arabes issus de toute la région signent la moitié de la sélection et près d’un tiers des films présentés ont été réalisés par des femmes.
Remarqué, un talent local, Khalifa Al-Thani dont le court-métrage « Border » qui se déroule dans un avenir dystopique tout en évoquant des sujets d’actualité.
L’Institut du film de Doha qui organise Ajyal s’est fait connaître en tant que hub dédié aux jeunes talents du cinéma de Doha et du monde entier. Sa PDG Fatma Al Remaihi estime "très important en tant qu’industrie naissante au Qatar de se concentrer sur la jeune génération car à l’avenir, elle représentera la colonne vertébrale de ce secteur. Nous ne pouvons pas aller de l’avant sans les jeunes, sans leur soutien en tant que cinéastes et spectateurs," affirme-t-elle.

Les jeunes pousses du cinéma
La Northwestern University au Qatar s’efforce également de soutenir les jeunes professionnels des médias et talents du cinéma de demain. Les étudiants y acquièrent de l’expérience pratique pour peaufiner leurs compétences en s’exerçant aussi bien derrière la caméra que devant l’objectif.
Leurs professeurs sont des professionnels de cette industrie qui partagent leurs connaissances et expertise comme le réalisateur primé João Queiroga dont le dernier film "Digging for Life" raconte l’histoire d’un homme qui se retrouve pris au piège à extraire des diamants en Angola. Il dit "aimer gommer la frontière entre fiction et non-fiction et encourage souvent, ses étudiants à "avoir du courage, à s’affirmer et à être vrais."

Représentante de la nouvelle génération de réalisatrices locales, Nadia Al-Khater travaille de son côté, sur son deuxième court-métrage en collaboration avec le producteur Justin Kramer. Elle reconnaît que cela peut paraître surprenant que tant de réalisatrices commencent à se faire un nom dans la région. Son tuteur précise : "Je pense qu’avec le temps, elles commencent à s’exprimer et à comprendre que leurs perspectives et leurs histoires sont uniques."
En traitant du lien entre identité, histoire et culture, le travail de Nadia Al-Khater et des autres jeunes réalisateurs du Qatar est en train d’acquérir une visibilité internationale.