Le cinéma tchèque

  • Mis à jour : 12 mai 2017

LE CINEMA TCHEQUE

La Tchéquie (et auparavant la Tchécoslovaquie) est le berceau de nombreux cinéastes qui ont fait la renommée du cinéma tchèque. L’art cinématographique tchèque s’est popularisé au niveau international grâce aux oeuvres de cinéaste comme Miloš Forman et Jiri Menzel

Genèse

L’histoire du cinéma tchèque commence en 1898. Les premiers spectacles sont organisés, en 1896, à Karlovy Vary et à Prague . Un an plus tard, on tourne déjà en Bohême et met en avant les premiers films de Jan K’íženecký, considéré comme le

Jan K ??íženecký

père du cinéma tchèque. En 1907 le premier cinéma permanent est ouvert à Prague, par Viktor Ponrepo. Les films de production nationale (des films qui avaient été non seulement tournés, mais aussi développés dans les pays tchèques) ne sont pas nombreux. Au début du 20ème siècle, les premières sociétés cinématographiques privées commencent à se créer sur les modèles étrangers.

L’entre-deux-guerres

La situation sur le marché cinématographique ne commence à se développer réellement qu’à la fin de la première guerre mondiale et après la création de la République tchécoslovaque indépendante. L’euphorie de l’après-guerre est un puissant moteur pour la société tchèque, y compris le cinéma. De nouvelles sociétés cinématographiques sont créées, les premiers studios professionnels sont montés, des projets ambitieux sont tournés

La cinématographie tchèque commence à réaliser des productions dans tous les genres, un courant central fort se forme. Des personnalités voient le jour parmi les metteurs en scène qui donneront son orientation au cinéma tchèque au moment de l’arrivée du cinéma parlant : Martin Fri ?, Karel Lama ?, GustavMachatý .

La première actrice tchèque de format européen est Anna Ondráková , qui a ensuite interprété le rôle central dans le premier film parlant d’Alfred Hitchcock Chantage (1929). Les plus grandes productions tchèques du cinéma muet (c’est-à-dire comparables aux titres étrangers) sont représentés par le drame Le bâtisseur de cathédrales, le drame social Erotikon et le mélodrame L’organiste de Saint Guy.


Collection Hitchcock : Chantage (V.O) par imineo

En 1921, Miloš Havel fonde la société par actions A-B en fusionnant les sociétés American Film distribution avec Biografia, une autre société de distribution de films.

Au début des années 1930, son frère Václav fonde les studios Barrandov et un complexe résidentiel de luxe pour les stars du cinéma naissant, à Barrandov, un quartier du sud de Prague.

Le premier film, Le Meurtre de la rue Ostrovní, sort des studios Barrandov en 1931. La production augmente rapidement et, en moyenne, huit long-métrages en sorte par an, produits par trois cents employés.

L’arrivée du parlant n’a pas provoqué de grands bouleversements dans la jeune industrie cinématographique tchèque. L’un des premiers films tchèques entièrement parlant, C.K. feld-maréchal (réalisé par Karel Lama ?), a été un succès colossal, tout particulièrement pour l’acteur principal, Vlasta Burian , devenu l’une des principales vedettes de la scène tchèque.

Le cinéma tchèque était enfin sur une bonne lancée, ce que prouve le fait qu’il a passé sans encombres les années de la crise économique (alors qu’une personne sur neuf était sans travail en Tchécoslovaquie, on tournait une quarantaine de films par an). D’une part, les cinéastes expérimentés et professionnels apportaient l’énergie nécessaire (Lama ?, Fri ?, Machatý ), et d’autre part, il y avait, parmi les acteurs, de nouvelles stars (Burian, Hugo Haas, Jan Werich et Jioeí Voskovec, Adina Mandlová, Lída Baarová et d’autres). Parmi les meilleurs films qui ont alors remporté un grand succès à l’étranger, citons tout particulièrement Extase - Erotikon (réalisation de Gustav Machatý) et La rivière (réalisation de Josef Rovenský ).

Le cinéma pendant la guerre

A partir de 1938, la situation commença à changer radicalement dans toute l’Europe. A partir du moment où la Tchécoslovaquie fut forcée d’accepter les accords de Munich, il n’y avait plus qu’un pas vers le Protectorat de Bohême-Moravie (et de l’Etat slovaque indépendant) placé sous la coupe de l’Allemagne hitlérienne. L’administration allemande s’intéressait évidemment beaucoup aux studios de Barrandov, qui sont rapidement devenus le centre cinématographique du Reich. Au début de la guerre il était encore possible, bien que de manière réduite, de tourner des films tchèques destinés au public tchèque, mais vers la fin du conflit, la cinématographie mutilée luttait pour sa survie. Les cinéastes avaient souvent recours à des sujets d’histoire et de littérature, mais quelques oeuvres qui interpellaient le public dans toute l’Europe ont été réalisées, comme le drame Papillon de nuit (réalisé par František oeáp), très bien accueilli à l’étranger et qui reste encore au programme des chaînes de télévision, ou Christian (réalisé par M. Fri ?), dans lequel brille le plus grand acteur des années 40, Oldoeich Nový.

La fin de la guerre a également signifié la fin du secteur privé dans le domaine du cinéma . Dès la fin de l’occupation (en 1945) l’industrie cinématographique a été nationalisée . Un autre événement important de l’après-guerre, dans le domaine du cinéma, a été la création de l’Académie nationale de musique, de danse et d’art dramatique avec la faculté cinématographique (FAMU) et la fondation, en 1946, du Festival du cinéma à Mariánské Láznoe, déplacé ensuite à Karlovy Vary et qui est devenu, avec le temps, la plus grande présentation tchèque de films (voir le Festival international du cinéma de Karlovy Vary).

En février 1948, la Tchécoslovaquie a subi un autre choc sous la forme du putsch communiste. Le Parti communiste plaça aussi sous sa mainmise le cinéma. Désormais, la dramaturgie serait sous la houlette officielle du Parti, l’inspiration serait celle du réalisme socialiste : le cinéma tchèque retombait une fois encore dans la propagande et la censure.

En dehors de quelques films peu intéressants (le film tchèque qui a connu le plus de succès, La princesse orgueilleuse, réalisé par Booeivoj Zeman date cependant de cette époque),

un nombre étonnant de films animés d’exception a été réalisé. Dans les années 1950, les organes bureaucratiques en charge de l’industrie du cinéma dont le Film d’Etat tchécoslovaque (oeskoslovenský státní film) prennent en charge le processus d’approbation des films, d’un point de vue idéologique sous la haute surveillance du parti communiste tchécoslovaque. Des cinéastes, comme Karel Zeman, pionnier du film de trucage (ses films Voyage dans la préhistoire et La force de destruction combinaient le film d’acteurs et le film animé) ou Jieí Trnka, créateur du film moderne de marionnettes, créaient de petites merveilles.

On peut, pour cette période, parler de dramaturgie d’Etat, réglementée dans ses moindres détails par des règlements, des directives et des organes bureaucratiques dont le Comité artistique cinématographique (Filmový umlecký sbor), la Centrale de dramaturgie (Est, ední dramaturgie) et ses antennes comme la Direction collective de la Centrale de dramaturgie (Kolektivní vedení ústoední dramaturgie), le Conseil du cinéma (Filmová rada), le Conseil artistique (Umélecká rada) et le Conseil « idéal » (comprendre idéologique) artistique (Ideové umélecká rada).

A la fin des années cinquante, un autre phénomène de la culture tchèque est à souligner. Il s’agit du projet du metteur en scène de théâtre et de cinéma renommé, Alfred Radok, nommé la Lanterne Magique . Le spectacle qui combinait, de manière particulièrement poétique, le théâtre, la danse et le film, a été présenté en première à l’exposition universelle EXPO’58 à Bruxelles où il a connu un franc succès. Alfred Radok et ses collaborateurs ont rapporté à Prague une médaille d’or.

La nouvelle vague - les années 1960

Le début des années soixante apporte un assouplissement du contrôle politique et marque le début de l’une des plus célèbres époques du film tchèque, la nouvelle vague (appelée ainsi d’après le modèle français). C’est L’ère la plus glorieuse du cinéma tchèque (précédemment tchécoslovaque)

Son précurseur le plus marquant , puis son principal représentant, est Miloš Forman, qui tourne, en 1963, le premier film tchèque sur le modèle du cinéma-vérité, L’as de pique. Forman a tourné encore deux films, en Tchécoslovaquie (Les amours d’une blonde en 1965 et Au feu, les pompiers en 1967), avant de partir en exil en 1968 aux Etats-Unis (où il a tourné un grand nombre de films remarquables avec son collaborateur de toujours, le caméraman Miroslav Ondí ?ek).


Au feu les pompiers [1967] Milos Forman par jloup95

Dans les années soixante, d’autres collaborateurs de Forman ont également tourné leurs oeuvres-phare : Ivan Passer, Eclairage intime, 1966 (par la suite, Passer a également émigré et tourné aux Etats-Unis).

Les années 1970 et 1980

L’invasion des armées du Pacte de Varsovie, en août 1968, fut suivie par une nouvelle grande vague d’émigration qui ne toucha d’ailleurs pas que les cinéastes . Le poétisme cinématographique des années soixante fut irrémédiablement perdu et les créateurs de la nouvelle vague interdits (quand ils n’avaient pas émigré) de tournage pendant, au moins la première moitié des années soixante-dix. Beaucoup de films furent interdits de diffusion et certains d’entre eux (critiquant sévèrement le régime communiste) furent confisqués par la censure : on les appelle les "films du coffre" (comme par exemple l’Incinérateur des cadavres, Alouette, le fil à la patte, l’Oreille, Tous les bons compatriotes et bien d’autres).

On autorisa à tourner des films pour enfants, même aux auteurs considérés comme trop incommodes par le régime (par exemple Karel Kachya - Už zase ská ?u pes kaluže - Je saute de nouveau par-dessus des flaques d’eau - 1967 - d’après le roman d’Alan Marshall).

La parodie et la comédie burlesque deviennent un genre très populaire. Le duo d’auteurs Zdenk Sverák et Ladislav Smoljak, travaillant aussi bien au théâtre qu’au cinéma, présente des spectacles pleins d’un humour spécifique pour le milieu tchèque et pratiquement incompréhensible à l’étranger.

Le cinéma tchèque après 1989

L’année 1989 et la révolution de velours ont apporté un nouveau souffle et la liberté au cinéma tchèque. Après la grande ère du cinéma sous la première république et celle des années 1960, de nouveaux jeunes metteurs en scène et scénaristes ont fait leur apparition avec des auteurs jusqu’alors limités .

Dans les années 1990, les metteurs en scène ont dû faire face à la concurrence de la production mondiale (essentiellement américaine) et à l’apparition des stations de télévision commerciales . Bien que la société tchèque ait l’habitude d’aller voir des films tchèques, la rentabilité de l’investissement financier dans des projets cinématographique reste délicate.
Le grand succès de ces dernières années a été l’Oscar du meilleur film étranger obtenu par le tandem père et fils formé par Zdeek et Jan Sverák pour le film Kolya en 1996 .

Parmi les grandes figures du cinéma tchèque contemporain, et à côté de Jan Sverák, on trouve le duo créatif formé par Jan Hebejk et Petr Jarchovský (leur film Divided We Fall - Musíme si pomáhat a été nominé pour les Oscars en 2000), Saša Gedeon (nomination pour le Prix européen pour le film Le retour de l’idiot - Návrat Idiota), Petr Zelenka (vainqueur du festival de Karlovy Vary pour L’année du diable ) etc.

A l’heure actuelle, on tourne environ 15 films par an . L’aide financière de l’Etat est distribuée, sous forme de subventions, par le Fonds de développement de la cinématographie, mais elle n’est pas suffisante. Le plus grand co-producteur (en tout cas jusqu’à présent) est la Télévision tchèque.

Le film d’animation tchèque bénéficie d’une grande tradition, continue d’être extrêmement inventif et de collectionner les récompenses. Malheureusement, tout comme les autres branches du cinéma, il se débat avec le manque de moyens et doit compter sur les commandes étrangères. Pour en savoir plus sur cette riche tradition et ses succès, reportez vous à l’article consacré au film d’animation tchèque.

D’après les articles de Wikipédia et http://www.czech.cz/fr/66824-lhistoire-du-cinema-tcheque.