Le nanar de Juin 2012_ SHOCK AND TERROR

  • Mis à jour : 30 mai 2014

Le nanar du Mois :

Birdemic : Shock and Terror de James Nguyen

En 1963, Alfred Hitchcock terrorisait le monde avec Les Oiseaux. 45 ans plus tard, James Nguyen se lance sur les traces de son idole et signe Birdemic : Shock and Terror, Deux oeuvres situées aux extrêmes opposés du spectre cinématographique, mais deux sacrées expériences, l’une excellant dans l’angoisse, l’autre dans le ridicule.

Critique à prendre au premier ou au second degré (c’est selon) :
(Extrait de (http://cinematheque.over-blog.net/article-critique-birdemic-de-james-nguyen-68221298.html)

Birdemic » commence tout en douceur, mais alors vraiment « tout en douceur ». A l’issue d’un (long et lancinant) générique filmé depuis le tableau de bord d’une voiture, en plan quasiment oblique, on suit encore et encore cette voiture sur la route, puis sur une autre route, puis une autre jusqu’à ce qu’elle se gare dans une rue et que le héros du film en sorte enfin. Il se met alors à marcher tranquillement et fièrement sur le trottoir, en direction d’un restaurant pour déjeuner, tout ça en tant réel, voire parfois étiré par le biais de subtils et magistraux plans dédoublés : on le voit d’abord marcher de dos, puis de face, puis de profil. Dès le départ, on est comme immergé par la mise en scène improbable et radicale de James Nguyen, dont les aberrations même en constituent tout le génie ! Tout au long du film, on est ainsi fasciné par sa volonté constante de conserver ses plans dans leur intégralité, par ses prises de son quasi « naturelles » et authentiques, par ses panoramiques contemplatifs absolument éprouvants, par ses cadrages très aléatoires et surtout par sa direction d’acteurs épurée, quand elle ne s’avère pas tout simplement inexistante. Le réalisateur de « Birdemic » filme décidément comme personne et propose justement une façon inédite d’envisager le cinéma, dont l’originalité ne pourra pas lui être réfutée !

Selon les propos même du « cinéaste », le film est un « thriller romantique ». On assiste ainsi d’abord à la rencontre sentimentale du héros avec l’héroïne, mais là encore Nguyen sait faire fi de tous les clichés ! On a droit à toutes les hésitations possibles entre les deux tourtereaux qui se tournent autour sans oser encore s’approcher : je lui parle, je lui parle pas, je lui demande son numéro ou j’ose pas, je l’appelle, je l’appelle pas ...etc. De ces tergiversations naît très lentement une idylle à travers une description des sentiments à la fois très prosaïque, ancrée dans le réel, et finalement très touchante, aussi étonnant que cela puisse paraître. Il faut dire que le charme du jeu maladroit des acteurs se confond très vite avec leurs personnages, qui s’échangent d’ineptes et longs dialogues autour de leurs métiers, de leurs loisirs, de leur façon d’envisager la vie. Mais la banalité de ces échanges nous renvoient mine de rien à notre propre futilité, faisant de « Birdemic » une représentation rigoureuse et sans concession de nos misérables existences !

Mais comme dans « thriller romantique », il y a le mot « thriller », il se trouve qu’au bout d’une heure de romance, tout le film bascule dans l’horreur ! Ainsi, au moment où les deux héros viennent (enfin !) de conclure laborieusement en couchant ensemble, et alors même que tout semble paisible et merveilleux, « tout à coup » (jamais cette expression n’aura d’ailleurs été prise dans un sens aussi littéral, des oiseaux attaquent la ville. Quand je dis « tout à coup », c’est donc très exactement cela : après plusieurs plans contemplatifs de la ville et de la plage où rien ne se passe, tout explose d’un coup au plan suivant ! Et attention, les oiseaux rebelles ne sont pas n’importe lesquels ! Ce sont des rapaces incrustés numériquement et à peu près n’importe comment dans les images, qui fondent sur la ville comme des kamikazes (avec explosions enflammées à la clé, s’il vous plait !) ou qui arrivent à faire du surplace devant les humains pour les tuer à coups de becs, de serres ou d’ailes, on ne comprend en fait pas bienLes personnages réagissent alors en héros, toujours prêts à se battre (même à coups de cintres, tiens !) ou à sauver la veuve et l’orphelin.

Derrière ces images comico-apocalyptiques se dissimulent en réalité un beau discours écologique, qui revient à plusieurs reprises dans l’intrigue, au gré des rencontres et d’inénarrables monologues monocordes déclamés par quelques illuminés pseudo scientifiques : si les aigles attaquent, c’est bien sûr à cause du réchauffement climatique, et puis de toute façon l’espèce humaine mérite bien son sort parce qu’elle arrête pas d’être méchante avec la nature. En plus elle est complètement conne, à l’image de nos héros qui se ravitaillent « en vitesse » dans un magasin en lisant tranquillement les étiquettes sur les bouteille de champagne ou qui partent pique-niquer à trois kilomètres de leur véhicule alors que le monde est à feu et à sang et que les vautours peuvent les agresser à tout moment. Ok, James, le message est passé et c’est vraiment très beau !!

Reste cependant encore le clou du spectacle : car « Birdemic » est aussi l’occasion pour James Nguyen de rendre un hommage dithyrambique à son idole Alfred Hitchcock ! Si le film a été conçu comme une sorte de « reboot » des « Oiseaux », il en garde surtout le vague principe d’une rébellion soudaine et inexpliquée d’oiseaux un peu foufous. Pour le reste, c’est à l’avenant : on retrouve notamment une micro apparition de l’actrice du film d’Hitchcock (Tippi Hedren), qui est en réalité un stock shot de « Julie & Jack » (le précédent film du cinéaste), et surtout des références aux séquences mythiques du film original (un cadavre dont les yeux ont été dévorés par les oiseaux, une station service qui explose.) Bien sûr, conséquemment au budget du film, le rendu n’est pas tout à fait aussi impressionnant dans « Birdemic » !

Tout à la fois profus et confus, « Birdemic » zigzague ainsi entre chef d’oeuvre absolu et nanar tout aussi ultime.Mais au fond, quel besoin de trancher entre les deux tant le film est un régal pour les yeux et pour les sens, quelles que soient d’ailleurs les raisons pour lesquelles on le regarde ! Les sens, justement, parlons-en, puisque James Nguyen travaille déjà d’arrache pied (et à tire d’ailes !) pour offrir une suite à son long métrage : « Birdemic 2, the resurrection », qui sera proposé cette fois-ci en 3D ! Rien de moins !