LE CINEMA ROUMAIN
L’industrie cinématographique roumaine a une longue histoire. La première projection cinématographique de Roumanie, a eu lieu le 27 mai 1896, par la présentation des films des Frères Lumière, dans les locaux du journal français "L’indépendance roumaine", à Bucarest.
Les débuts du cinéma
Comme pour une grande partie du cinéma des premiers temps dans le monde, il reste très peu des premières bobines de films roumains. Depuis 1965 L’Arhiva Nacionale de Filme (A.N.F. : Les archives nationales de film) est chargée de sauvegarder et de reconstruire l’histoire des commencements du cinéma roumain. Parallèlement, la publication de mémoires et la recherche privée entreprise par de grands passionnés de cinéma, tels que les critiques Ion Cantacuzino et Tudor Caranfil, avec les réalisateurs Jean Mihail et Jean Georgescu nous éclairent sur cette période.
On sait que le photographe Paul Menu réalisait en 1902 les premières actualités cinématographiques, filmées à Bucarest et Galati avec un appareil Lumière. Il vend finalement son appareil à un docteur roumain : Gheorghe Marinescu qui sera ainsi le premier au monde à réaliser des films scientifiques.
Mais ce n’est qu’en 1911, que fut produit le premier film de fiction : Amor Fatal.
En 1912, une plus grosse production voit le jour : Independenca României . Ce film, qui traite comme son titre l’indique, de la guerre d’indépendance roumaine, reçoit le soutien matériel du gouvernement.
L’Etat roumain ne mène pas pour autant une politique en faveur du cinéma et il n’est à l’origine d’aucun film à cette époque. Les films sont financés par des amateurs de l’art naissant qui ne considèrent pas l’existence d’un studio comme une chose nécessaire à son développement.
L’un des producteurs d’Independenca României, Grigore Brezeanu, déclare ainsi dans une interview donnée au magazine Rampa publié le 13 avril 1913 : « Mon rêve aurait été de construire un grand studio de cinéma mais j’ai l’impression que ce n’est pas possible. Tout d’abord il nous faudrait un capital important pour investir. Sans argent, nous ne pouvons pas rivaliser avec les studios étrangers. Mais nos financiers considèrent qu’un studio n’est pas dans le domaine de l’art mais plutôt dans celui de l’industrie. J’ai donc, avec grands regrets, abandonné ce rêve. »
Le studio français Pathé produit à cette période quelques films qui ne sont qu’en partie roumains. On y voit des acteurs roumains médiocres qui jouent devant des images provenant de films français. En réaction à ces films Leon Popescu crée en 1913 la société : Film de arte Leon Popescu qui parvient à sortir plusieurs films sur le marché et qui fusionne finalement avec une autre société : Cipeto.
Pendant et après la Première Guerre mondiale
La production se tourne vers des films documentaires ou d’actualité. Malgré la défaite, le peu de matériel roumain est conservé à l’intérieur des frontières du pays. La fin de la guerre ne marque pas pour autant une augmentation de la production car Leon Popescu qui était l’une des rares personnes à produire des films, meurt en 1918.
La Roumanie compte alors 250 salles de cinéma, et cela est trop peu à cette époque pour qu’un film produit dans des « conditions normales » soit rentabilisé par sa sortie dans le pays. De plus, aucune politique en faveur de la production cinématographique n’est menée par la démocratie parlementaire de l’entre deux guerre, au contraire. Il existe en effet une taxe sur chaque projection et à un moment près des 2/3 du prix du billet vont dans les caisse de L’Etat. La production s’organise donc parfois de manière coopérative, presque amateur puisque les équipes (techniciens comme acteurs) ne sont pas rémunérées. Jean Mihail réalisa plusieurs films de cette manière dans les années 1920.
D’autres fois le film se fait grâce à l’argent d’un riche particulier comme ce fut le cas pour Lia (1927) de ce même Jean Mihail. L’absence de studio et d’équipement lumière suffisant oblige parfois les équipes à reconstruire les décors en extérieur pour utiliser la lumière du jour. On ne tourne souvent qu’une seule prise par plan car la pellicule coûte cher. La production des années 1920 oscille entre 5 et 10 films par an et la majorité des films distribués sont d’origine étrangère.
L’arrivée du cinéma sonore
C’est avec l’arrivée du parlant que le cinéma roumain connaît ses premiers véritables succès auprès du public grâce à des comiques populaires tel que Constantin Te nase avec le film Visul lui Tanase (le rêve de Tanase) en 1932,
ou le duo Stroe et Vasilescu, qui interprète la comédie musicale Bing-Bang (1935). Cependant, le son est un coût supplémentaire pour les productions et le nombre de films baisse chaque année.
C’est pourtant en 1934 que, découvrant le pouvoir de propagande du « septième art », le gouvernement fait passer une loi instaurant un fonds de soutien au cinéma. Une taxe prélève alors 1 leu par ticket et 10 lei par mètre de film étranger importé dans le pays. Cette taxe va permettre un premier développement de l’industrie que la Seconde Guerre mondiale ralentira fortement. L’Etat crée en 1937 en partenariat avec un entrepreneur privé un laboratoire nommé Ciro Film, à côté duquel est construit un grand hangar qui sert de studio. L’Oficiul Nacional Cinematografic (O.N.C) chargé de la production d’actualités et de documentaires est également créé à cette époque. L’O.N.C dispose d’un véritable studio mais ne produit qu’un film à cause du début de la guerre en Europe.
Le cinéma sous le régime communiste (1948-1990)
Après la deuxième guerre mondiale l’industrie du film a pour but d’éduquer le peuple sur le modèle de l’idéologie communiste. La République populaire de Roumanie est proclamée le 30 décembre 1947, le jour même de l’abdication du roi Michel 1er et de son départ forcé par les soviétiques. Le régime communiste donne rapidement une nouvelle tournure à ce que Lénine considérait comme le plus important des arts. Le 2 novembre 1948, le décret 303 régule toute la filière et instaure la nationalisation de l’industrie. Tout ce qui concerne le cinéma va être progressivement mis sous le contrôle d’une entité unique en relation directe avec l’Eat. L’aboutissement de cette politique de centralisation est atteint avec la création en 1971 de la Centrala România-Film qui contrôle directement : la production des films, les studios de Buftea, ceux de Sahia (production documentaire), la Cinémathèque, la distribution intérieur du pays, l’exportation des films roumains, ainsi que tout le réseau d’exploitation du pays.
En fait d’art, le cinéma devient, comme dans tous les pays communistes, l’un des principaux outils de propagande du régime. Les actualités, les documentaires et les fictions doivent éduquer le peuple et former l’homme nouveau. L’IInstitutul de art’ cinematografica (ensuite nommée MATC), la seule école du pays, a pour mission de former techniquement comme idéologiquement les futurs employés du cinéma (acteurs, réalisateurs, chef opérateurs, etc.).
Des commissaires culturels qui n’ont la plupart du temps aucun lien avec le cinéma ou même la culture sont chargés de contrôler chaque étape de la production. Pour sortir un film national dans la Roumanie de Ceaucescu, il faut ainsi passer plusieurs étapes de contrôle. Tout d’abord, le scénario du film doit être présenté à la maison du film où il est discuté et remanié. Il passe ensuite à la commission du conseil de la culture composée de vingt personnes issues aussi bien de la culture, que de l’armée, ou des finances. Celle-ci amène ses propres modifications et autorise le début du tournage en conservant cependant la possibilité de le suspendre à tout moment. Une fois le film terminé, celui-ci doit être validé par deux commissions successives, parfois trois. Enfin la section culturelle du comité central du parti peut refuser pour tout motif de signer l’autorisation de sortie. Le film Falaise de sable s’est ainsi vu retiré des salles après moins d’une semaine d’exploitation parce que Ceaucescu en personne estimait qu’il dénaturait la réalité du monde ouvrier.
Tout ces contrôles font que les auteurs roumains décident la plupart du temps d’adapter des livres qui ont déjà été validés par le régime. Un certain nombre de films historiques sont également commandés par les communistes. Le cinéma suit donc une forme de standardisation impliquée par la censure. Un exemple de cette standardisation nous est donné par le choix des acteurs : le héros est généralement un ouvrier musclé au regard déterminé et les personnages de l’aristocratie sont toujours joués par des acteurs gros. Enfin, le régime accorde également une grande importance aux documentaires et aux films éducatifs.
Les moyens de production
Au moment de la nationalisation le matériel technique existant était constitué principalement du studio de Mogocoaia et de son laboratoire de pellicule. Le studio comprenait un plateau de 200 m², plusieurs salles de projection, et un studio de son. Le laboratoire était équipé pour le 35 mm noir et blanc et était utilisé pour toute la production nationale ainsi que pour le tirage de copies de films étrangers.
Les communistes décident de fonder un nouveau centre de production à Buftea et la construction d’un nouveau studio commence en 1950 et est terminé en 1959. C’est le Centrul de producvie cinematografica Buftea (C.P.C), dit « la nouvelle Cinecitta », qui correspond de nos jours aux studios de MediaPro.
Jusqu’à 4 000 personnes y travaillent en période de plein régime, le complexe est à cette époque au niveau technique des studios d’Europe de l’Ouest et il gagne une certaine aura dans le monde soviétique. Les communistes agrandissent également un complexe à Floreasca qu’ils mettent sous contrôle de la télévision à partir de 1956. Enfin, le studio de Sahia est réservé à la production de documentaires.
Le laboratoire Intreprinderea de Stat Tehnocin est fondé en 1950 pour les besoins supplémentaires en copie de film (pour la distribution principalement). Il est fusionné en 1959 avec Industria OpticaRomâa ? où sont construits les projecteurs 35 mm et 16 mm, le matériel son des salles de cinéma, les projecteurs lumière, les dollies, etc. Il y a donc un intérêt manifeste du régime pour la production cinématographique. Il fonde une véritable industrie qui n’existait pas auparavant. Les recettes générées sont (en théorie) immédiatement réinjectées dans la production de films et le nombre de films produits croît. Finalement, ce sont vingt à trente films roumains qui sortent chaque année dans les années 1970 et 1980.
La distribution et l ???exploitation des films
Dans un premier temps, la nationalisation des salles de cinéma entraîne leur fermeture en raison de leur état obsolète ou délabré. Les films sont alors parfois montrés en plein air. Le 7 juin 1950, le gouvernement crée un comité pour la cinématographie dans lequel est créée une commission pour la distribution des films. En 1956, la direction pour l ???exploitation des films et celle pour la distribution sont fusionnées pour former la Direc ??ia Re ??elei Cinematografice ??i a Difuz ??rii Filmelor (Direction de la distribution et l ???exploitation des films, D.R.C.D.F.). Ce nouvel organe est mis sous tutelle directe du ministère de la culture et doit permettre d ???avoir une politique unique dans les salles de tout le pays, centrée sur la diffusion de l ???idéologie communiste et de sa politique économique par plans.
Des fonds sont alloués pour créer un important réseau de salles qui doit amener le cinéma à chaque habitant (au même titre que l ???électricité par exemple).
Dans les années 1950 le gouvernement importe d ???Union Soviétique un millier de projecteurs 16 mm et une centaine de salles itinérantes pour équiper les zones rurales du pays. Le nombre de salles, augmente donc de manière très importante. Selon România-Film on passe ainsi de 338 cinémas en 1938, à 617 salles permanentes équipées en 35 mm en 1988 (245 000 fauteuils), auxquelles il faut ajouter 4 544 salles non permanentes 16 mm. Le nombre d ???entrées augmente également et passe de 41 millions à près de 100 millions. Cette fréquentation deux fois supérieure en proportion à la celle de la France à la même époque peut s ???expliquer par la bonne couverture du réseau de salles mais également par le faible prix de l’entrée : entre 2 et 7 lei, à une époque où un ouvrier spécialisé gagne 2 000 lei par mois.
Mais la production roumaine n ???est pas la seule distribuée, une bonne place est également accordée aux films des pays frères du bloc de l ???est et en particulier à ceux en provenance d ???URSS pour leur fort contenu idéologique (« Le meilleur cinéma du monde »).
Certains films occidentaux sont également distribués à conditions évidemment qu ???ils ne s ???opposent pas à l ???idéologie du régime. Les Roumains peuvent ainsi découvrir plus particulièrement les chefs-d ?????uvre du néoréalisme italien, un certain nombre de westerns, ou encore la filmographie d ???Alain Delon. Finalement, les deux tiers des films distribués au début des années 1980 par la Centrala Româna-Film (qui remplace la D.R.C.D.F.) sont d ???origine occidentale. En 1984, l ?????tat fait volte-face et ne permet plus que la distribution de deux ou trois films occidentaux par an. Le goût du public roumain pour les films occidentaux était donc déjà révélé.
Quelques succès à l ???étranger
La Palme d’or 1957 du court-métrage accordé au film d ???animation Scurt ?? istorie (histoire courte) de Ion Popescu-Gopo convainc les communistes de créer un studio d ???animation en 1964 (Animafilm) qui produit aussi bien pour la télévision et pour l ???école que pour le cinéma.
Mirel Ilesiu remporte la palme de 1969 avec son court Cântecele Renasterii.
Liviu Ciulei (1912-1968). reçoit le Prix du Meilleur réalisateur à Cannes en 1965 pour son film, "Moara cu noroc" (le Moulin du bonheur).
Quelques rares films échappent au conformisme imposé par la censure. La figure de cette période la plus connue à l ???étranger est Lucian Pintilie. Sa deuxième ??uvre La Reconstitution présente à la quinzaine des réalisateurs de Cannes en 1970 est censurée en Roumanie,
comme ensuite Scènes de Carnaval (1980). Le réalisateur est finalement interdit de travail et s ???exile en France.
Après la chute de Ceausescu
La chute de Ceausescu marque la fin du monopole d’état sur les activités cinématographiques, la libération de la censure mais aussi une économie de marché qui nuit au cinéma roumain.
La chute de la production
Les entreprises de l ???industrie cinématographique sont restées dans un premier temps le monopole de l ?????tat. Rapidement, un cinéaste est mis à la tête du CNF (Centre National du Film, créé en 1990 et renommé plus tard CNC) et une dizaine de sociétés de production indépendantes apparaissent. Le CNF permet en effet la production et la distribution par des sociétés privées sous réserve d ???un contrat avec une filiale de România-Film. Mais, malgré la nouvelle liberté d ???expression qu ???elle amène, la fin du règne de Ceausescu fait chuter drastiquement la production de films à cause de l ???absence de financement. Dans les années 1990, la România-Film ne tourne pas plus de cinq films par ans. La production disparaît même presque au début des années 2000.
L ???évolution générale de l ???économie de l ???industrie et la possibilité de coproductions avec l ???étranger va permettre de faire remonter peu à peu le nombre de films produit chaque année et la production actuelle oscille entre 10 et 20 films par an. Mais le budget du CNC bucarestois est insuffisant par rapport à la demande. Eugen Serbanescu, le directeur du CNC, estime qu ???environ 80 % du budget est alloué au financement de la production, et 20 % à l’organisation des festivals, qui sont de plus en plus nombreux en Roumanie.
C ???est donc la difficulté de trouver des financements et non plus la censure qui empêche aujourd ???hui les cinéastes roumains de faire plus de films. Le film qui a remporté la Palme d’or, (avec un financement 100 % roumain) a coûté moins d ???un million d ???euro. Tudor Giurgiu, réalisateur et producteur, résume bien l ???état d ???esprit dans lequel sa génération se trouve : « Les Français, Allemands ou Autrichiens sont nos partenaires traditionnels mais, avec la crise, cela devient difficile aussi pour eux. Alors, on use du « plan B » : on trouve des sujets pas chers, on tourne rapidement, en Roumanie et avec des équipes réduites. »
L ???importance des coproductions
En 1994 trois projets de coproduction avec la France sont concrétisés. C ???est le début d ???une ère de coproduction avec les partenaires d ???Europe de l ???Ouest. Lucian Pintilie, qui a pu retourner en Roumanie depuis la chute du régime, ne tourne par exemple plus que des coproductions ( Le Chêne en 1992 puis un film tous les deux ans jusqu ???au dernier, Tertium non datur en 2006). Les chiffres du CNC de ces dernières années montrent qu ???entre le tiers et la moitié des films produits chaque année sont des coproductions.
Un accord de coproduction entre la France et la Roumanie a été signé à Cannes le 18 mai 2009. Il permet aux producteurs roumains d ???accéder aux fonds du CNC français, tandis que le CNC roumain ouvre ses aides à ceux de l’Hexagone. Les effets de cet accord ont été visibles immédiatement. Cristi Puiu,
le premier de la nouvelle génération de cinéastes roumains à avoir reçu un prix à Cannes (Prix un certain regard à Cannes en 2005 pour La Mort de Dante Lazarescu ) a pu tourner son dernier film Aurora grâce à l’appui du CNC français.
Au-delà du rôle notable de la France, c ???est plus généralement l ???Union européenne qui soutient à travers son programme Eurimage, le développement de coproductions. La Roumanie bénéficie du soutien d ???Eurimage depuis 1998 mais peu de coproductions en ont encore profité.
L ???accueil des tournages étrangers
Comme un certain nombre d ???autres pays de l ???est tels que la République tchèque, la Pologne ou la Lituanie, la Roumanie accueille depuis les années 2000 un nombre de plus en plus important de tournages de productions étrangères. Une vingtaine de films étrangers y ont ainsi été tourné entre 1998 et 2005 parmi lesquels on peut noter Borat (en 2005) ou Joyeux Noël (en 2004).
Certains parlent même de « Rollywood » pour qualifier l ???importance que prennent les studios de Bucarest et de Buftea. Une bonne partie de ces tournages se fait dans le plus important complexe de studio d ???Europe de l ???Est (3 274 mètres carrés) que possède Media Pro Pictures (sa propre école) depuis son rachat à l ?????tat roumain en 1998. Castel Films, l ???autre grand studio concurrent de Média Pro affirme avoir participé entre 1990 et 2007 à la réalisation d ???une centaine de films étrangers, principalement américains. Elle estime que la Roumanie offre des scènes de tournage d’exception (château de Dracula, la chaîne des Carpates, forêts, vestiges de manufactures industrielles et styles architecturaux, notamment gothique...) susceptibles d ???aider à justifier un tournage dans le pays. Enfin, la société Kentauros, nouvelle venue, prévoit la construction de huit studios à 12 km de Bucarest dont le plus grand devrait faire 4 400 m².
Ces tournages se font avec une moitié de l ???équipe composée de techniciens roumains dont les salaires sont quatre à cinq fois moins élevés que ceux, par exemple, de leurs homologues français. Les figurants coûtent, eux, dix fois moins cher et la législation permet également de plus longues journées de travail. Le cout global du tournage est estimé entre 50 et 60 % moins cher qu ???en Europe de l ???Ouest et entre 30 et 40 % moins qu ???en République tchèque. Mais ces chiffres dépendent des films et pour l ???instant une bonne partie des films qui se sont tournés en Roumanie l ???ont été pour des raisons autant esthétiques qu ???économiques. Ainsi, le scénario de L ???homme sans âge, tourné par Coppola en 2006 est fondé sur un essai du philosophe roumain Mircea Eliade.
La « nouvelle vague » du cinéma roumain, des films de festival
Difficile de présenter l ???industrie cinématographique roumaine contemporaine sans évoquer le succès d ???un certain nombre de films roumains dans les plus grands festivals internationaux. Ce qui a amené les critiques à parler de « nouvelle vague » du cinéma roumain. La plupart des films roumains (courts ou longs métrages) sont sélectionnés dans au moins deux festivals et une bonne moitié d ???entre eux obtiennent au moins un prix. On a particulièrement noté les prix décernés à de jeunes réalisateurs à Cannes ces dernières années.
Citons ainsi le prix Un Certain regard pour La Mort de Dante Lazarescu en 2005 (44 prix en festival dans le monde)
LA MORT DE DANTE LAZARESCU - Bande-annonce VF par CoteCine
et pour California dreamin ??? en 2007 ainsi que la Caméra d ???Or pour A l’est de Bucarest en 2006. La consécration est arrivée avec la Palme d’or attribuée en 2007 à 4 Mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu.
On peut trouver plusieurs points communs entre ces films : ils font preuve d ???un certain minimalisme qui s ???accorde avec la minceur des budgets. Leur style est direct et réaliste et rappelle le néo-réalisme italien d’après guerre. Enfin, les histoires sans véritables héros se passent durant la période communiste et en dénoncent les travers avec un humour souvent sarcastique, sans pour autant s ???attaquer aux grands évènements politiques.
Il s ???agit cependant bien plus d ???une génération spontanée que d ???une école. Confrontés aux mêmes problèmes de financement, ces cinéastes cumulent fréquemment les fonctions de réalisateur et de producteur. Ces films peinent à trouver leur public en Roumanie. ?? l ???exception notable de 4 Mois, 3 semaines, 2 jours (89 339 entrées), aucun film roumain n ???a dépassé les 30 000 spectateurs ces dernières années (le vingtième film américain du classement 2009 a atteint, lui, 65 482 entrées).
Certes, les films de la nouvelle école de cinéma roumaine sont en phase avec la mentalité du pays : un mélange de défaitisme et de farniente doublé d’un humour décapant. Mais la recette qui marche à l’étranger n’a pas le même impact intra-muros. Les institutions semblent suivre la même logique. Le Centre national du cinéma (CNC), inspiré de son homologue français, a vieilli. Son budget permet de financer une dizaine de longs métrages par an, mais la plus grande partie des subventions va aux dinosaures qui faisaient la loi au temps du régime communiste. Malgré les protestations des jeunes cinéastes, ni le ministère de la Culture ni le CNC n’ont réagi. "Nous vivons une transition interminable, commente Cristi Puiu, l’un des leaders de la nouvelle génération de cinéastes. On dépense l’argent du contribuable pour financer des films qui n’ont aucun intérêt dans l’Europe que nous avons intégrée."
Les réalisateurs visent donc avant tout une reconnaissance en festival et un succès à l ???international pour espérer rentabiliser leurs films. "Le Lit Conjugal" de Mircea Danieluc gagne plusieurs prix au festival de Toronto et presque tous les grands réalisateurs roumains actuels ont déjà eu un ou plusieurs films en sélection au festival de Cannes, et ont gagné plusieurs prix dans d’autres manifestations cinématographiques.
Ces cinq dernières années la production de grands réalisateurs roumains actuels est plus important :
Lucian Pintilie (Le Chêne, Trop Tard, Terminus Paradis ),
Mircea Daneliuc (Le Seigneur Des Escargots, Le Lit Conjugal, Le Onzième Commandement),
Nae Caranfil (Philanthropique, Asphalt Tango, Dolce Farniente)
et Dan Pita (Hotel de lux).